Motions de la TACLE soumises aux votes au Collectif National de rentrée (Octobre 2016)

Préparer une campagne contre la sélection en master !


Alors que le gouvernement avait annoncé une loi réformant l’accès au Master pour le mois de novembre, le 4 octobre un accord a été trouvé entre les différentes parties, dont notre syndicat. L’accord prévoit une sélection à l’entrée du M1. Les universités pourront refuser l’inscription pour manque de places ou la conditionner à l’obtention d’un concours ou l’examen d’un dossier. Le principe de la sélection à l’Université entrerait donc dans la loi. Loin d’introduire un nouveau « droit à la poursuite d’étude », ni d’être une « nouvelle étape » pour en gagner de nouveaux comme le laisse entendre notre communiqué de presse du 4 octobre, cette loi constitue en réalité une nouvelle attaque dans la continuité des réformes précédentes de l’enseignement supérieur.

Loi master : késako ?
En contrepartie de permettre aux universités de sélectionner les candidats entre la L3 et le M1, alors que jusqu’à présent, l’obtention d’une Licence permet en principe de poursuivre en M1 et que la sélection s’opère dans les faits pour le passage en M2, la réforme obligerait le rectorat à formuler 3 propositions aux candidats recalés localement. Un décret fixera les modalités. A priori, l’étudiant recalé devra solliciter le rectorat de sa région académique en explicitant son « projet professionnel ». Le recteur devra ensuite lui faire 3 propositions de formations, en s’assurant que l'une soit dans l'établissement d’origine, lorsque l'offre de formation le permet et, à défaut, un établissement de la région académique.
D’une part, la première conséquence que nous pouvons craindre est que de nombreux étudiants, « découragés » par la procédure, abandonneront dès la notification de leur refus d’inscription, comme nous le voyons chaque année sur les chaines d’inscription, par exemple pour les recalés d’APB. D’autre part, pour ceux qui feront la démarche, il n’y a aucune certitude qu’ils se voient proposer un choix dans leur université d’origine ou même dans la même ville.

Un droit à la poursuite d’étude… ou la possibilité pour le rectorat de boucher les trous ?
Dans le contexte de pénurie budgétaire et de mutualisations régionales déjà à l’œuvre dans le cadre des fusions et COMUEs, ce dispositif permettra en réalité aux rectorat de réorienter les étudiants ayant obtenus une licence vers les formations où il reste des places. L’objet des regroupements universitaires étant notamment de mieux « adapter » les formations aux bassins socio-économiques régionaux tel que le prévoit la loi Fioraso de 2013, ce nouveau dispositif permettra de mieux diriger l’orientation des étudiants en fonction des besoins de l’économie, indépendamment de leur choix de vie et d’étude.
C’est un plomb dans l’aile à l’autonomie que nous défendons ! Et encore, cette analyse repose sur la perspective optimiste que les masters proposés seront de qualité, et non pas simplement des voies de garage créées par les universités pour avoir un choix à proposer aux étudiants recalés. En clair, soutenir cette mesure revient à accepter de faire inscrire dans la loi la sélection à l’université (pour l’instant en master), en échange d’un pouvoir plus grand de l’Etat à orienter les étudiants vers les formations délaissées bien qu’utiles pour les besoins des entreprises.

Une campagne contre la sélection : c’est urgent !
A l’heure où une majorité de M2 sont sélectifs dans les faits, ce que le gouvernement a confirmé en mai dernier avec la publication d’un décret permettant la sélection pour 1 300 formations de M2, instaurer la sélection à l’entrée du M1 permettrait, pour les défenseurs de cette mesure (comme la CPU ou la FAGE), d’éviter les recalages en cours de cursus. Déjà, une série de concours sont accessibles dès le Bac+4 (examen du barreau, CAPES… même si la titularisation est conditionnée à l’obtention du M2). Bien que ces situations soient loin d’être idéales, l’accès de droit dans ces masters doit être garanti. Surtout, l’UNEF réaffirme sa claire opposition à toute forme de sélection à l’université, et s’oppose donc au projet de réforme de la sélection en master du gouvernement.
Le recul de la conscience dans le milieu étudiant depuis des années entraine des franges toujours plus importantes de nos milieux à soutenir la sélection, comme condition de la « qualité » du diplôme. Ce n’est pas étonnant, et nous avons notre part de responsabilité, puisque nous n’avons pas mener de campagne de fonds sur cette question depuis des années.

Nous initions donc une campagne large d’information contre ce nouveau projet de loi au plus tôt, avec un tract et une affiche, et nous prenons des initiatives larges de mobilisation. Nous avons des partenaires pour cette campagne, que ce soit Solidaires étudiants, des syndicats locaux comme l’UET à Toulouse, ou d’autres organisations de jeunesse. Nous réaffirmons que seuls le cadrage national des formations, y compris au niveau master, en termes de droits et de contenu, et le réengagement financier de l’Etat à hauteur des besoins peuvent permettre aux étudiants d’obtenir des diplômes protecteurs sur le marché du travail. 

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Reconstruire la conscience de classe, préparer les luttes de demain !


Depuis 5 ans ce gouvernement nous impose reculs sociaux sur reculs sociaux. Le quotidien des étudiants s'est dégradé à grande vitesse. Afin de faire accepter ces reculs sociaux, le gouvernement a usé de toute une série de stratagèmes pour éviter les mobilisations, du pseudo dialogue social instauré avec les syndicat, à la répression touchant les secteurs qui refusaient cette mascarade, comme à Air France ou à Goodyear. Avec la mobilisation contre la loi travail, des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs ont rompu avec toute les illusions qu'il pouvait demeurer dans ce gouvernement et ont compris qu'il ne pouvait compter que sur leurs luttes pour contrer ses attaques. Dans les universités, cette mobilisation s'est retranscrite dans des comités de mobilisation très actifs durant 4 mois et qui ont permis de convaincre des milliers d'étudiants de venir en manifestation et de faire le liens avec les travailleurs. Pour autant, la mobilisation est restée minoritaire, loin de celle du CPE en 2006 qui avait vue des dizaines de milliers d'étudiants se mettre en grève reconductible en se mobilisant au quotidien pour étendre la lutte. Les étudiant n'avaient sans doute pas été assez préparés à ne compter que sur eux-même et à lutter jusqu'au bout pour leur droit à la dignité.

Le rôle du syndicat dans les mois à venir doit être de préparer cette conscience. Il faut combattre toute les illusions qui pourraient persister dans les solutions délégataires. Ni les élections du Crous, ni les élections présidentielles ne pourront constituer une quelconque protection pour les étudiants, quelque soit leur résultat. Il est possible de s'appuyer sur le scepticisme des étudiants vis à vis de ces institutions, pour les encourager à ne compter que sur leur lutte pour changer leur vie.

L'orientation du syndicat dans les mois à venir doit servir d'aiguillon et d'aide pour encourager ces luttes. D'autant que les raisons ne manquent pas pour se mobiliser et que le gouvernement n'a opéré aucune trêve en attendant les présidentielles. Les restrictions budgétaires se font de plus en plus sentir avec des universités, comme à Paris 8 ou Toulouse le Mirail où la situation est devenue intenable. L'annonce du service civique obligatoire, qui va plonger les jeunes dans la précarité durant plusieurs mois en même temps qu'il servira d'école d'endoctrinement, est clairement inacceptable. Enfin, l'annonce de la mise en place de la sélection en Master est le dernier affront qu'a fait Hollande aux étudiants. Face à toutes ces attaques, sans même parler des milliers de licenciements qui touchent les travailleurs et qui nous promettent un avenir de chômage et de précarité, l'UNEF doit populariser les luttes qui existent déjà et chercher à les étendre, comme par exemple la grève dans l'UFR de psychologie à Toulouse le Mirail qui dure déjà depuis plus d'un mois. Le syndicat devrait aussi proposer une date de mobilisation nationale au plus vite pour permettre à toutes ces colères de s'exprimer ensemble et au même moment.

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Le gouvernement veut faire taire la jeunesse mobilisée et les salariés en lutte !
Soutien aux les Goodyear !


En janvier 2016, 8 salariés de l’ex-usine Goodyear d’Amiens ont été condamnés à 24 mois de prison, dont 9 mois fermes, pour avoir défendu sans relâche pendant 7 ans le maintien de leurs emplois. Alors que 40 milliards d’euros d’allègement de charges aient été concédés par Hollande au patronat, que Goodyear a quadruplé ses bénéfices pour la seule année 2014, ils ont fini par réussir à fermer l’usine d’Amiens-Nord, laissant 1143 salariés de Goodyear sur la touche. 
La condamnation en première instance des 8 Goodyear est une décision politique qui vise à faire taire toutes celles et ceux qui dans ce pays savent que la lutte des classes existe plus que jamais et qui n’ont pas l’intention de laisser les profiteurs se gaver sans entrave ! La répression envers les luttes contre les licenciements est monnaie courante sous le gouvernement de Hollande : alors que les salariés d’Air France se sont opposés aux 5000 licenciements qui les menaçaient, une chemise arrachée plus tard, cinq personnes se retrouvent sur le banc des accusés pour avoir voulu se battre pour leur dignité.
De nombreux autres salariés ont été poursuivis suite au mouvement contre la Loi Travail, mais aussi des dizaines de jeunes : en septembre, un militant des Jeunesses Communistes a été condamné à 8 mois de prison avec sursis, 3850€ d’indemnités et 5 ans d'interdiction d’exercer dans la fonction publique. 5 jeunes d’Amiens ont eux été condamnés 87 000 euros d’amendes à payer pour cinq jeunes d’Amiens, sous peine de prison ferme...

Les 19 et 20 octobre, tous à Amiens !
Les syndicalistes de Goodyear, ne se sont pas laissé faire et ont organisé la riposte. Des comités de soutien Goodyear se sont mis en place, des tournées de meetings se sont organisées, dans les villes, les facs, partout où leur combat rentrait en résonance avec celui de milliers de jeunes et de travailleur-se-s qui se battent eux aussi contre le patronat et le gouvernement à son service.
Les 19 et 20 octobre, se tiendra le procès en appel des 8 Goodyear. Nous pouvons faire de ce jour-là une occasion de rencontres et de convergences de toutes celles et ceux qui sont frappé-e-s par la répression patronale et gouvernementale mais aussi de toutes les équipes militantes combatives, de tous les militant-e-s de la grève qui pendant des mois ont occupé, manifesté, revendiqué ensemble et qui n’ont pas l’intention d’en rester là.
Alors que les licenciements pleuvent par milliers et que nos conditions de travail et de vie dégénèrent de jour en jour, que les jeunes et les travailleur-se-s combatifs sont condamnées comme des criminels, les 19 et 20, montrons-leur la force et la détermination de notre camp social. Toutes et tous à Amiens !

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