Texte d'orientation pour le 86ème Congrès de l'UNEF

Pour une université ouverte à tou-te-s, gratuite, et émancipatrice. 
Pour une UNEF de transformation sociale, combative et forgée dans les luttes actuelles

Notre 86e congrès s’ouvre plus de deux ans après l’élection de Macron, dans un contexte national d’attaques continues contre notre camp social, de résistances nombreuses mais dispersées. Cette élection a exprimé la volonté des classes dominantes de revenir sur les acquis du mouvement ouvrier et de la jeunesse dans l’optique de relancer leurs taux de profits. À cette occasion, l’UNEF doit tirer le bilan de la dernière période. Les deux dernières années ont été marquées par des attaques de toutes parts : aggravation de la casse du code du travail, destruction et privatisation  du service public, sélection à l’université...

L’ensemble de cette politique a des conséquences sur les conditions de vie et d’études de notre génération : précarité et galère sont notre lot quotidien. La crise climatique ne fait que renforcer l’idée que notre avenir est en danger. Plus de 5 millions de personnes sont touchées par le chômage, faisant apparaître qu’obtenir un diplôme n’est plus suffisant pour obtenir un emploi stable dans un monde du travail chaotique. Bien évidemment, le gouvernement ne compte pas s’arrêter. Que ce soit sur les retraites, le SNU, l’assurance chômage, la réforme de la fonction publique ou les soupçons de récession mondiale annonçant une crise plus grave que celle de 2008, l’UNEF doit se préparer à combattre ces politiques de front.

Ce 86e congrès doit nous permettre de dresser des bilans lucides sur la situation du syndicat. L’UNEF est en perte de vitesse et connaît un recul militant considérable joint à la sortie de deux groupes de l’organisation (la TUAS et le groupe « syndicalistes »). C’est d’abord le produit de la direction du syndicat, qui épuise trop de forces dans les élections étudiantes pour des instances ne constituant en rien des lieux de construction d’un rapport de force et ne permettant que des aménagements provisoires et marginaux, et qui a délaissé, voire trahi, les mobilisations de ces dernières années, en faisant passer des reculs pour des victoires. Pourtant, des résistances existent sur nos campus et dans notre camp. Depuis 2016, les grèves dans le monde du travail se multiplient, en 2018 les universités ont connu le plus grand mouvement de grève étudiante depuis des années, en 2019 le mouvement des Gilets Jaunes a exprimé à une large échelle une volonté d’en découdre avec ce gouvernement. Pour autant, ces résistances n’ont pas réussi à mettre un coup d’arrêt aux attaques du gouvernement, à cause de  l’incapacité des directions syndicales à offrir une stratégie gagnante à notre camp, s’acharnant à vouloir isoler, disperser les luttes, en esquivant toute forme de convergence. Mais la révolte et la capacité de lutte de la jeunesse n’ont pas disparu.

La Tendance Action Collective et Luttes Etudiantes a pour objectif de doter notre syndicat d’outils qui lui manquent aujourd’hui pour inverser la situation de paupérisation des étudiant·e·s et de dégradation du service public. Nous proposons de rompre avec le syndicalisme délégataire en remettant au cœur de notre démarche syndicale la construction du rapport de force, par l’action collective des étudiant·e·s dans la défense de leurs droits. Nous proposons de doter l’UNEF d’une stratégie qui cherche à construire et à regrouper les contestations étudiantes, en lien avec les salarié·e·s. Nous sommes convaincu·e·s que le mouvement étudiant peut être une force d’entraînement pour le reste de notre classe. Face au niveau des attaques, il faut mettre à l’ordre du jour la construction d’une grève majoritaire du milieu étudiant, seule capable d’enrayer la machine libérale à l’œuvre depuis trente ans dans nos universités, comme dans l’ensemble de la société.

I. Un projet offensif face à la précarité étudiante et à la casse de l’Enseignement supérieur et de la recherche (ESR)
En 2017, Macron devient président, depuis la situation des jeunes s’est aggravée. Un large accord existe pour dénoncer sa violence politique qui dégrade nos conditions d’études, remet en cause le service public et installe la sélection. En revanche, la direction de l’UNEF n’a pas été à la hauteur des enjeux. Nous devons nous doter d’une grille de lecture cohérente du projet des gouvernements successifs, pour nous y opposer sans concession et défendre un projet syndical offensif, seul capable de garantir la réussite de tou·te·s.

A/ La casse de l’université publique : le rouleau compresseur Macron/Vidal
Les universités subissent depuis des années des attaques de la part des gouvernements : LMD sous Chirac, LRU sous Sarkozy et sélection en M1 sous Hollande. Macron et Vidal poursuivent cette logique : sélection en L1, augmentation des frais d’inscription. Afin d’élaborer une stratégie syndicale à la hauteur, il faut analyser la situation de l’ESR.

1. Du LMD à Fioraso : autonomie et crise budgétaire dans les facs
Il est nécessaire de revenir sur la restructuration et les réformes d’ampleur subies par l’ESR. La réforme « licence master doctorat » (LMD) en 2002 a garanti l’autonomie pédagogique des universités, leur permettant de définir librement le contenu de chaque formation sans cadre national. La loi « libertés et responsabilités des universités » (LRU) de 2007 a instauré l’autonomie financière. Nous en subissons aujourd’hui les conséquences : les facs gèrent elles-mêmes l’ensemble de leur budget : masse salariale, entretien, locaux, assurances, sécurité… Or les coûts augmentent, notamment à cause de l’évolution de carrière des personnels que l’État ne compense pas. Cela entraîne une situation budgétaire dramatique : suppressions de filières et de TD, réduction du volume horaire, liquidation d’une à deux semaines de cours par an, mise en place de cours en ligne, dégradation des conditions d’examens, coupes dans les supports pédagogiques...

Cette pression des pénuries a poussé de nombreux·ses président·e·s d’universités à soutenir l’an dernier la loi O.R.E. installant la sélection à l’université, tout en réduisant leurs capacités d’accueil, et en pointant du doigt les frais d’inscription trop bas par rapport au reste de l’Europe. Augmenter les droits d’inscription est dangereux pour l’accès des catégories populaires à l’enseignement. 
Pendant les cinq ans de Hollande, la « gauche » au pouvoir n’a fait que poursuivre cette politique désastreuse. La loi Fioraso (2013) a approfondi le processus de libéralisation de l’université publique. Sa mesure phare est la régionalisation de l’ESR. Le gouvernement a fait le choix d’obliger l’ensemble des établissements à fusionner ou à se regrouper, dans le cadre de Communautés d’Universités et d’Etablissements (COMUE), en une vingtaine de pôles régionaux (80 facs avant). Depuis 2013, les COMUE sont synonymes d’attaques contre nos droits et nos diplômes car elles ont des prérogatives immenses en matière de formation. En laissant les établissements complètement autonomes en ce qui concerne les spécialités, l’objectif est bien d’adapter l’ESR aux besoins du marché du travail, c’est-à-dire aux besoins des employeurs. Cela passe par des diplômes personnalisés et spécifiques aux bassins d’emploi, permettant une plus grande  flexibilité, et une plus grande précarité !  Pourtant, la direction de l’UNEF a soutenu cette réforme, y voyant une brèche syndicale...

2. La sélection à l’université définitivement installée
La suite de ce projet cohérent des classes dirigeantes n’a rien d’anecdotique : c’est la mise en place de la sélection formelle à l’entrée du M1 en 2017, puis de la L1 en 2018.
La direction de l’UNEF a accompagné la sélection en M1, prétextant le gain d’un pseudo droit à la poursuite d’études. En contrepartie de permettre aux universités de sélectionner les candidat·e·s entre la L3 et le M1 alors qu’avant la simple obtention d’une licence le permettait, la réforme oblige le rectorat à formuler trois propositions aux candidat·e·s recalé·e·s. Force est de constater que, mis à part le découragement face à la procédure, de nombreux·ses étudiant·e·s se retrouvent malgré tout sans master. 
Pour mettre en place la sélection en M1, Macron a prétexté du taux d’échec important en licence. ParcourSup est censé mieux orienter les lycéen·ne·s à la sortie du bac. Avec la loi O.R.E., le bac cesse d’être le premier grade universitaire. Maintenant, les facs choisissent leurs étudiant·e·s selon des attendus nationaux et locaux, en prenant en compte les activités extra-scolaires. Cela devient un moyen de refus si les jeunes, pour des raison géographiques ou financières, n’ont pas fait du sport à haut niveau ou des voyages à l’étranger. En 2018, 45 000 jeunes s’étaient retrouvé·e·s sans aucune proposition d’admission, et ils étaient au total 220 000 à avoir abandonné. Pour celleux qui ont été accepté·e·s à l’université, c’est l’inégalité entre les oui et les oui-si, obligé·e·s de suivre des cours  supplémentaires de prétendue remise à niveau ou d’effectuer leur licence en quatre ans pour en sortir avec un diplôme réputé de qualité inférieure, et sans poursuivre en master.
La loi O.R.E. est  directement liée à la réforme du bac. Avec la destruction des filières dans la voie générale, elle met en place des spécialités à la carte (selon les moyens financiers et pédagogiques des lycées) permettant de mieux correspondre aux attendus des universités. À l’inverse, les filières technologiques voient leurs disciplines majeures réduites pour ne correspondre qu’à des filières courtes (essentiellement BTS et IUT). Cela revient à empêcher les jeunes titulaires de bac pro et techno (majoritairement des classes populaires) d’entrer à la fac ! Avec la loi O.R.E. c’est toute une partie de la jeunesse que le gouvernement met au ban des universités, afin de les envoyer au plus vite sur le marché du travail.

Le dernier volet de la sélection, c’est celle qui s’opère au sein même de la licence, avec l’arrêté licence de 2018 qui laisse les universités libres de définir le contenu, l’organisation et les modalités d’évaluation. Il ne reste du cadre national que le nom du diplôme. Il permet également une multiplication des cours et examens en ligne, et renforce les aspects professionnalisants et non qualifiants, des licences. Il entérine la fin de la compensation et des rattrapages comme droits nationaux, et permet aux universités de choisir de les supprimer ou non. Les rattrapages, en tant que seconde session, étaient une obligation nationale. Aujourd’hui, les modalités du droit à une seconde chance sont laissées au bon vouloir des universités. Supprimer ces droits revient à sélectionner les étudiant·es au sein même de la licence, mettant de côtés celleux qui ne pourraient réussir sans ces droits.

Ces réformes creusent l’écart entre filières poubelles, peu sélectives et peu financées, et filières d’élite surdotées et ultra sélectives. Elles visent essentiellement à mieux diriger l’orientation des étudiant·e·s en fonction des besoins immédiats du patronat. Elles correspondent à la pression des grandes entreprises qui cherchent une main d’œuvre précaire, flexible et peu qualifiée, en ne permettant qu’à une élite de poursuivre des études jusqu’au master.

3. Frais d’inscription en hausse et nouvelle autonomie
En novembre 2018, le gouvernement annonçait la hausse des frais d’inscription pour les étudiant·e·s étranger·e·s hors Union européenne, passant ainsi de 170 € en licence à 2770 € et de 243 € en master à 3770 €. Cette mesure, raciste et anti-sociale, touche donc en premier lieu une frange d’étudiant·e·s souvent déjà précaires et en proie à de nombreuses difficultés (obstacles administratifs, complexité d’obtenir un contrat de travail, démarches auprès de la préfecture, etc.). Elle renforce également les inégalités d’accès à l’ESR en ajoutant des dépenses aux étudiant·e·s qui n’ont aujourd’hui toujours pas droit aux bourses du CROUS. Une mesure aussi discriminante s’inscrit clairement dans la droite lignée de la nauséabonde loi Asile et Immigration, ôtant toute prétention progressiste à ce gouvernement. Suite à une mobilisation en dents de scie, sept universités sur 73 appliquent maintenant cette augmentation, qui est le premier pas vers une hausse généralisée des frais d’inscription. Le but de Macron est bien de fermer les portes de la fac aux plus défavorisé·e·s, réservant ainsi l’ESR aux seules élites. Nous devons continuer à lutter pour l’abrogation de Bienvenue en France et revendiquer une fac gratuite ouverte à tou·te·s.
Cela est d’autant plus urgent que le gouvernement prévoit un acte II de l’autonomie des universités avec la création de grands projets. L’Etat se désengage du financement des universités et prétend leur donner plus de marge de manoeuvre, en se réservant néanmoins le droit de rappeler à l’ordre celles qui n’auraient pas un budget satisfaisant. L’autre volet important de ces projets est la mise en place d’universités européennes afin de rendre les universités françaises plus rentables et compétitives dans le classement de Shanghaï : le rayonnement international et l’élitisme doivent primer sur l’accès à l’enseignement. Ces universités européennes devraient regrouper des facs de plusieurs pays en des campus uniques, avec une mise en commun des équipes administratives, des outils, des cours… De tels projets visent à marchandiser l’ESR, au détriment des conditions d’études et de travail des personnels.

B/ Notre projet pour l’ESR
Aujourd’hui, près de 9% des jeunes n’ont aucun diplôme ou tout au plus le brevet des collèges, quand près de 80% d’une génération obtient le baccalauréat. Mais les enfants de cadres supérieurs sont trois fois plus nombreux·ses à accéder aux études supérieures que les enfants d’ouvrier·e·s.
Accéder à l’université n’est pas un gage de réussite : un enfant d’ouvrier·e à presque 50% de chances de sortir non diplômé·e du supérieur. Et avec l’autonomisation, de nombreux diplômes obtenus ne sont plus garants de droits dans le monde du travail. Alors que l’inégalité d’accès et la mise en concurrence sont les maîtres mots des réformes et que l’ESR est de plus en plus la proie du marché, notre projet se fonde sur la défense du service public. L’UNEF doit poser les bases d’une véritable alternative, celle d’une université 100% publique, gratuite et démocratique, ouverte aux enfants d’ouvrier·e·s.

1. Défendre le service public : pour une université ouverte à tou·te·s !
Le rôle que nous donnons à l’université est double : permettre l’acquisition de connaissances générales en développant un esprit critique, et nous former pour occuper un emploi durable, en apportant des qualifications reconnues dans les conventions collectives. Défendre le service public, c’est se battre pour un financement 100% public et à hauteur des besoins. Nous luttons pour un plan de recrutement et la titularisation de l’ensemble des précaires, qui représentent le quart du personnel enseignant. Cela nécessite de rompre avec l’autonomie financière. L’État doit cadrer avec précision les moyens attribués aux universités, en fonction du nombre d’étudiant·e·s, des besoins en personnels et enseignant·e·s.
L’ESR est divisé entre l’enseignement professionnel, les prépas et grandes écoles, et les universités. Nous nous battons pour l’intégration de l’ensemble des formations à l’université et leur adossement à la recherche. L’État dépense des millions d’euros chaque année pour financer le privé : nous défendons leur suppression et leur intégration dans le système public.

Nous nous battons pour un ESR ouvert à tou·te·s. Étudier est un droit, pas un privilège. C’est pour cette raison qu’à chaque rentrée nous considérons la campagne des sans-facs comme un enjeu syndical majeur. Nous devons, partout où nous sommes présent·e·s, nous battre face à nos présidences pour obtenir l’inscription de tou·te·s dans la filière de leur choix.

2. Pour des diplômes nationaux reconnus sur le marché du travail
Défendre des diplômes nationaux est plus que nécessaire. L’université comme usine à chômeurs déconnectée de impératifs du marché est un mythe. Le diplôme demeure une protection sur le marché du travail. Les conditions de travail des diplômé·e·s du supérieur restent plus avantageuses par rapport à celles des non diplômé·e·s. Face à l’individualisation de nos formations qui favorise la mise en concurrence des salarié·e·s pour tirer salaires et conditions de travail vers le bas, nous opposons le cadrage national des diplômes.
Nous nous battons pour que le contenu précis de chaque diplôme et les modalités de contrôle des connaissances soient définis nationalement par l’État, de concert avec tous les acteurs·ices de l’université. C’est la condition pour que chaque diplôme soit reconnu de la même manière quelle que soit l’université. C’est aussi la condition pour que nous puissions nous défendre collectivement dans le monde du travail.

3. Pour une véritable insertion professionnelle : opposons les qualifications à la logique des compétences
Les contre-réformes en cours visent à casser les qualifications de nos diplômes, l’ensemble des savoirs et outils qu’offre une formation généraliste, pour nous permettre de nous adapter sur le long terme aux évolutions de l’emploi. Se développent dans nos licences l’accumulation de compétences, de savoir-faire parcellaire directement utilisable en entreprise, par la création de modules pré-professionnels, d’écriture de CV, de projet personnel individualisé, etc. 
Tout cela vient remplacer du contenu qualifiant, et transférer des entreprises à l’université le coût de la formation professionnelle de la main d’œuvre . Les « acteurs économiques » ont d’ailleurs une place plus importante dans les conseils des universités et des COMUE. Ils pourront faire évoluer le « portefeuille de compétences » dont ils ont besoin comme bon leur semble, sans débourser un centime, et influencer le contenu des formations.

4. L’interdisciplinarité et une pédagogie alternative
Le cadre national de formation de 2018 confirme le chamboulement du contenu de nos formations en confirmant et favorisant la pluridisciplinarité en licence et une spécialisation progressive au sein du parcours. La pluridisciplinarité se traduit par l’empilage de cours qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Elle permet surtout de mutualiser des cours, donc de faire des économies. Nous sommes loin d’une orientation progressive utile pour nous aider à nous spécialiser ! À cette pluridisciplinarité absurde, nous opposons l’interdisciplinarité, l’étude d’un objet par le biais de méthodologies propres à plusieurs disciplines. Par cette combinaison d’approches l’on parviendra à une meilleure maîtrise d’un sujet, tant au niveau de la recherche que de l’enseignement. Un révolution pédagogique est nécessaire afin de développer notre esprit critique et nous rendre autonomes dans notre travail. Cela passe déjà par d’autres conditions d’études, avec un maximum de 20 étudiant·e·s par TD et davantage de travaux en petits groupes encadrés.

5. Garantir l’indépendance de la recherche avec des financements 100% publics
Alors que le ministère de l’ESR avait annoncé un budget en hausse de 501 millions, aucun emploi n’a été créé dans la recherche publique. Dans de nombreux labos les budgets annuels ne représentent que quelques milliers d’euros par an. Ils doivent désormais se tourner vers l’Agence Nationale pour la Recherche et ne fonctionnent qu’en appels à projets utiles aux entreprises. Il est urgent d’augmenter les crédits de base pour que l’ensemble des labos puissent fonctionner grâce à l’argent public.
Le Crédit Impôt Recherche exonère d’impôts les entreprises qui investissent en recherche et développement. Il représente un manque à gagner considérable pour l’État, équivalent en 2013 à 72% du budget de la recherche publique. Or tout le monde s’accorde à dire que ce dispositif est inefficace et ne bénéficie qu’à de grandes entreprises (Sanofi, Air France, PSA...), à des fins qui n’ont rien à voir avec la recherche. Le gouvernement poursuit la logique des précédents en transférant l’argent public aux grands groupes, alors que la moitié de cette somme suffirait à faire tourner l’ensemble des labos publics.
La recherche publique, indépendante et diversifiée est aujourd’hui menacée. De nombreux travaux de recherche sont financés par de grandes entreprises, telles Total ou Areva. Cela pose un problème fondamental, car faire appel à leurs financements leur donne obligatoirement un droit de regard sur le contenu des travaux. Dans l’intérêt même de la société, la recherche doit donc rester 100% publique !

C/ Un véritable statut social étudiant pour en finir avec la précarité
Alors qu’un·e étudiant·e sur deux inscrit·e en L1 échoue, que des milliers quittent l’université sans diplôme et que la part de celleux issu·e·s des classes populaires recule, l’UNEF doit se doter d’un projet syndical ambitieux pour permettre la réussite de tou·te·s. L’une des conditions est la possibilité, pour tou·te·s les étudiant·e·s, de se consacrer pleinement à leurs études. Alors que le coût de la vie étudiante a augmenté de 2,83% cette année, nous ne pouvons être satisfait·e·s que près d’un·e étudiant·e sur deux soit aujourd’hui salarié·e en parallèle de ses études.

1. Pré-salaire d’autonomie pour tou·te·s !
Nous défendons la mise en place d’un statut social étudiant. En tant que jeune travailleur·se en formation, l’étudiant·e devrait bénéficier du pot commun des cotisations sociales par le biais d’un salaire anticipé (pré-salaire), prélevé dans ce “pot commun”, qu’il et elle pourra ensuite alimenter tout au long de sa vie en travaillant, suivant le principe de solidarité générationnelle.
La mise en sécurité sociale du jeune est une condition de l’accès à son autonomie. Nous défendons une rémunération forfaitaire, universelle dans l’accès et le montant, incompressible et à hauteur du SMIC pour permettre à chaque étudiant·e de faire ses propres choix de vie indépendamment de la pression familiale. Aujourd’hui, 73% des jeunes sont exclu·e·s du système d’aides sociale délivrées par le CROUS car le calcul des droits s’appuie sur les deux dernières déclarations fiscales des parents. Cette situation d’infantilisation de notre génération ne peut plus durer !
Pour financer ce salaire anticipé, alors que le régime étudiant de sécurité sociale a été supprimé nous proposons la création d’une nouvelle branche de sécurité sociale alimentée par une nouvelle cotisation sociale. Cette branche “jeunesse”, devrait être gérée par un organisme spécifique, dirigé par des représentant·e·s des organisations de salarié·e·s et d’étudiant·e·s. Ce projet ne pourra être financé que par une hausse des salaires et une meilleure répartition des richesses. Notre combat est intimement lié à notre projet de transformation sociale, qui vise à faire passer les besoins sociaux au premier plan par rapport aux profits de quelques-un·e·s. Un tel objectif ne pourra être atteint que par la construction d’un rapport de force majoritaire vis-à-vis du patronat.

2. La défense du service public du CROUS
Notre syndicat doit également se battre de pied ferme pour défendre le service public des CROUS, aujourd’hui attaqué par l’austérité. De moins en moins de place en CROUS existe, et en même temps la baisse des APL et une augmentation de 3% des loyers dans le privé créent une situation instable pour les étudiant·e·s. Dans chaque université, nous devons mener des campagnes sur plusieurs aspects : allongement du délai sur les DSE, des logements salubres, une augmentation des places en cité U avec un système d’attribution transparent. Les militant·e·s de l’UNEF doivent recenser les problèmes pour y apporter des solutions concrètes, et chercher à organiser les résident·e·s par le biais d’assemblées générales, de rassemblements devant les CROUS.

II. Une stratégie syndicale à la hauteur des enjeux : construire une riposte sociale d’ampleur
A/ Début de quinquennat houleux & direction de l’UNEF incapable
2017 a été marqué par les tentatives de mobilisation contre la Loi Travail XXL, avec des revendications autour du Plan Etudiant. Cette phase septembre-décembre a été déterminante pour conscientiser et regrouper, par des tentatives d’AG, de comités de mobilisation, de débrayages, une série d’étudiant·e·s voulant en découdre avec le gouvernement. Cela a permis de labourer le terrain à partir duquel germa la mobilisation du printemps 2018. 

1. Grève massive contre la loi O.R.E : l’UNEF, loin d’être à la hauteur de la contestation
Deux ans après la Loi Travail, nous avons connu une mobilisation d’ampleur : plus d’une quarantaine d’universités étaient en grève contre la mise en place de la sélection. Malgré cette attaque majeure, aucune organisation de jeunesse, ni même l’UNEF, ne croyait en la possibilité d’une mobilisation massive.

Malgré un travail militant faible, la jeunesse a fait irruption dans la lutte des classes. Partout se sont multipliés les blocages, les occupations, les AG plus massives que celles contre le CPE en 2006, et une dynamique d’auto-organisation par des comités de mobilisation actifs. La question de la convergence des luttes a été au coeur des discussions durant le mouvement. Cette convergence s’est caractérisée par la participation des étudiant·e·s aux actions des postier·e·s du 92 ou des cheminot·e·s, aboutissant au blocage des examens d’Arcueil, pour défendre le droit de grève étudiant. La détestation du gouvernement, et le rejet des attaques, ont été des éléments unificateurs.
Pourtant, le mouvement étudiant n’a pas permis de constituer une réelle force d’entraînement, par une stratégie d’occupation des facs perdante, et une faible politique d’extension du côté lycéen ou du monde du travail.  Les blocages ont, de leur côté, permis de faciliter la mise en grève des étudiant·e·s, là où la pression de l’administration et des examens était importante. Mais ils dénotent aussi de l’incapacité de convaincre massivement les étudiant·e·s de quitter leurs cours pour faire grève et militer au quotidien. 
Nous devions défendre la nécessité de sortir de nos facs pour entraîner dans la grève lycéen·ne·s et travailleur·euse·s, bloqué·e·s dans une stratégie perdante de leurs directions syndicales, avec la grève “saute mouton” par exemple. Afin de le dépasser nous avons voulu faire de la Coordination Nationale Étudiante une direction alternative, afin de rythmer la grève et d’entraîner le mouvement ouvrier. La direction du syndicat s’est opposée à faire de ce cadre une véritable coordination, à ce qu’elle se réunisse toutes les semaines, au porte-parolat étudiant, à la mise en place d’un comité de liaison, refusant tout texte appelant les travailleur·euse·s à nous rejoindre. Ce mouvement a d’ailleurs démontré la faiblesse dans laquelle était la direction, incapable de se présenter comme dirigeant du mouvement, d’entraîner derrière elle, et de construire des cortèges de masse.

Le mouvement contre la loi O.R.E constitue une défaite revendicative, a permis le développement d’une nouvelle génération militante avec une expérience, consciente du lien nécessaire avec le mouvement ouvrier, la centralité de la grève générale, et la critique des directions syndicales. Il faut aujourd’hui renforcer le regroupement de secteurs mobilisés, et chercher à exprimer haut et fort qu’une victoire face au gouvernement est possible.

2. Hausse des frais d’inscription, Gilets Jaunes, grève enseignante : le gouvernement sous pression
La colère face au gouvernement n’a pas cessé de s’exprimer. Depuis novembre 2018 le mouvement des GJ exprime une combativité importante. Il traduit l’existence d’une réelle colère sociale s’exprimant principalement par la multiplication de luttes éparses depuis la Loi Travail, et rendant audible à large échelle la nécessité d’un mouvement d’ensemble en ouvrant la perspective de la grève générale et de l’affrontement avec le pouvoir en place. Pour autant, nous devons analyser son hétérogénéité et ses limites, car il esquive encore la question de la grève. Nous avons cherché à y organiser des pôles lutte de classe, exprimant un contenu de classe clair, en se regroupant avec les organisations et secteurs qui souhaitent porter cette stratégie. La direction du syndicat est restée totalement passive face à ce mouvement, allant jusqu’à le critiquer. Pourtant, il a ouvert une nouvelle séquence de mobilisation nationale, les lycéen·ne·s ont profité en décembre de l’ambiance générale en s’engouffrant dans cette brèche. 
Les universités n’ont pas été calmes non plus. Dans les universités, c’est la question de l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant·e·s étranger·e·s hors UE qui a mis le feu aux poudres. Cette attaque du gouvernement constitue un premier pas vers l’augmentation généralisée des frais d’inscription pour l’ensemble des étudiant·e·s. Bien qu’avec un niveau plus faible que dans les lycées, quelques mois après la mobilisation printanière, les étudiant·e·s ont rejoint le chemin de la lutte pour contester cette mesure. Alors qu’au printemps près de 40 universités étaient partiellement ou totalement en grève, la semaine du 10 décembre, il y avait des AG dans près de 25 universités. Nous avons vu fleurir les AG, vu renaître les comités de mobilisation, mais aussi se poser très vite, comme à Nanterre, la question de la grève, du blocage, même pendant les examens. Les manifestations ont permis de démontrer la détermination massive des étudiant·e·s ne voulant pas voir leurs droits se faire piétiner par Vidal et Macron. Ce sont les coordinations régionales, comme en région parisienne, qui ont manqué pour pouvoir coordonner réellement ce mouvement. De plus, le mouvement n’a pas été en capacité de dépasser le frein d’ampleur que constituaient les partiels et examens. Malgré des tentatives locales, les partiels et examens se sont tenus dans toutes les universités, empêchant le mouvement de se développer. 

Le printemps a été marqué par une conflictualité importante de la part des GJ subissant la répression de la part d’un gouvernement autoritaire. En parallèle, les luttes du monde du travail se sont renforcées : multiplication des grèves à la Poste, grèves massives dans la santé, grève nationale dans l’éducation, allant jusqu’au blocage du bac. Mais c’est encore la dispersion de notre camp qui permet au gouvernement et au patronat de poursuivre leur offensive. Bien sûr, le rapport de force est défavorable, mais à la veille d’une nouvelle crise économique, la situation offre de nombreuses possibilités d’intervention pour les syndicalistes lutte de classe.

Macron a voulu montrer ce qu’il était capable de faire à la rentrée si le mouvement social décidait de reprendre car il sait ce qui l’attend. Avec la réforme des retraites, la sécurité sociale, la réforme de l’assurance chômage, la casse de la fonction publique, le patronat relance son offensive antisociale dès la rentrée. Pour autant, notre camp n’en démord pas. La séquence qui s’est ouverte depuis le mouvement contre la Loi Travail, dont le mouvement des Gilets Jaunes a été l’une des expressions, n’est pas prête de se refermer. Non seulement le mouvement des Gilets Jaunes se poursuit après l’été, mais il se nourrit également des mobilisations interprofessionnelles qui ont commencé à s’exprimer au printemps dernier. Nous devons nous doter d’une stratégie syndicale à la hauteur des enjeux de la période.

B/ Notre stratégie syndicale : des « gommes et des crayons » à la grève générale
Ces dernières années, l’activité du syndicat a principalement été rythmée par les échéances électorales, internes et externes, et c’est d’ailleurs la critique formulée par les camarades ayant quitté l’organisation. Qu’il s’agisse des conseils des CROUS ou des conseils centraux des universités, ces instances ne sauraient constituer des lieux de construction d’un rapport de force contre le gouvernement. Si elles peuvent être un levier d’action à situer dans le cadre d’une stratégie globale, elles ne permettent que des aménagements provisoires et marginaux. Par exemple, même le rejet du budget d’une université par son CA ne remet pas en cause l’austérité, puisque la mise sous tutelle reste toujours une option pour les rectorats. Et c’est ce que l’on a vu à Toulouse en 2018. Nous devons construire le rapport de force là où il se situe, c’est-à-dire la rue, la mobilisation active et la grève. Pour cela, nous devons reconstruire la conscience des étudiant·e·s, en multipliant les expériences d’action collective et d’auto-organisation.

1. Des campagnes syndicales quotidiennes pour reconstruire la confiance dans l’action collective par la confrontation et l’auto-organisation
Dès qu’un problème surgit que cela soit à l’échelle d’un TD, d’une filière ou de toute une université, nous cherchons à regrouper les étudiant·e·s qui veulent agir en leur proposant des cadres d’organisation où ils discutent et décident par eux et elles-mêmes, où ils et elles proposent leur propre matériel : tract, affiche, pétition… Ainsi nous pouvons inclure plus largement que les seuls étudiant·e·s syndiqué·e·s et regrouper, peu importe leurs sensibilités syndicales ou politiques, tou·te·s celleux qui veulent agir.

Nous devons y défendre la nécessité de construire un réel rapport de force par des rassemblements, des manifestations, en étendant la mobilisation aux autres étudiant·e·s. S’il y a des rendez-vous de négociations nous proposons aux étudiant·e·s mobilisé·e·s d’y participer avec nous pour leur montrer le vrai visage de l’administration et leur donner des réflexes de confrontation vis-à-vis des directions d’universités. C’est en faisant cela que nous pourrons convaincre largement de la nécessité de s’organiser sur la durée et de manière collective dans un syndicat.

En faisant en sorte de recréer des générations militantes avec des réflexes collectifs, nous renforcerons la capacité du milieu étudiant à réagir et renforcerons par là-même le syndicat. C’est par l’action collective que les étudiant·e·s peuvent faire l’expérience de leur propre force et retrouver la conscience qu’ils et elles ont des intérêts matériels et moraux à défendre ensemble.

2. Un syndicat qui prend des initiatives pour construire le rapport de force
Lors du mandat de Hollande, la direction de l’UNEF a trop souvent été à la traîne du gouvernement et n’a pas su prendre d’initiatives face aux attaques. Pire encore, quand celles-ci existaient dans certains milieux, elle les a même parfois combattues. Certaines organisations en ont profité pour agir et se renforcer. On peut penser à la FAGE dans les IFSI ou à certains collectifs dans quelques facs ou écoles. Il faut que l’UNEF reprenne son rôle central dans l’organisation de la contestation face à la casse de l’ESR et de notre avenir.

★ Des initiatives de mobilisations, c’est-à-dire ?
La perte de réflexe et le problème de boussole que connaît la direction de l’UNEF depuis des années fait que pour elle, tout peut être appelé mobilisation étudiante : un hashtag, une élection, un communiqué. Pourtant, tout cela n’est pas une mobilisation et tous les moyens d’action ne se valent pas. Une initiative qui vise à montrer notre rapport de force, à le construire, à mettre la pression doit nécessairement se traduire par la mise en action d’étudiant·e·s au-delà des rangs du syndicat.

Ces prises d’initiatives se font à plusieurs échelles, au niveau d’un UFR, de l’université mais aussi de toute la France. Il existe une frange de la jeunesse qui veut agir et en découdre contre une société qu’elle juge, à juste titre, antisociale, raciste, sexiste, antidémocratique… Cette frange cherche des initiatives et est présente sur nos universités. Elle a une conscience plus avancée que le reste des étudiant·e·s sur la nécessité d’en découdre contre les attaques. Nous devons en prendre acte et chercher à faire agir les couches les plus déterminées, car c’est également un bon moyen d’entraîner celles qui n’ont pas encore fait l’expérience de la mobilisation.

Les raisons d’être en colère sont nombreuses, nous devons chercher à faire en sorte que contre toutes les attaques des initiatives se dressent comme des remparts. Ces initiatives doivent être des outils pour faire connaître telle ou telle attaque et proposer des actions concrètes. C’est aussi le meilleur moyen de tisser des liens avec d’autres secteurs que les étudiant·e·s.

3. Faire converger les bagarres : « toutes et tous ensemble » et grève générale
La crise systémique du capitalisme déclenchée depuis 2008 pousse les classes dominantes à remettre en cause l’ensemble de nos acquis sociaux. L’austérité, la restructuration des services publics, la privatisation, la casse du code du travail… L’objectif est clair : faire payer la facture de la crise aux jeunes et aux travailleur·se·s. Nous devons appréhender cela pour mieux comprendre la dégradation de nos conditions de vie et d’étude.

Depuis la loi travail, nous assistons à une remontée importante des luttes, même petites, dans de nombreux secteurs économiques, et des fronts de luttes s’ouvrent sur de nombreuses questions de sociétés. Notre camp social est disponible pour se confronter au gouvernement, et les mouvements des dernières années l’ont démontré. La classe dominante ne sait pas comment maintenir sa domination sans dérive autoritaire, car depuis 2016 il est vu à une échelle de masse qu’elle vole et qu’il faut en finir avec elle ! Au regard de l’offensive des classes dominantes et de leur gouvernement Macron, nous défendons la grève générale comme moyen de stopper durablement ces attaques, reprendre confiance en nos propres forces et dessiner un avenir meilleur pour l’ensemble des jeunes et des travailleur·se·s. C’est cette orientation que nous devons chercher à défendre vis-à-vis de la réforme des retraites de Macron. 

★ La grève générale se construit au quotidien
Nous devons battre en brèche le corporatisme et y opposer la solidarité. Lors des mobilisations et dans notre discours, nous défendons la nécessité de tisser des liens avec les autres étudiant·e·s et avec les salarié·e·s. Cela passe par prendre l’habitude de se coordonner à l’échelle locale, régionale et nationale entre étudiant·e·s et travailleur·se·s, et c’est en ce sens que nous pensons que l’UNEF doit construire les différentes coordinations interprofessionnelles comme le Front Social ou d’autre initiative de ce type (AG interpro, coordination des luttes etc.) Dans nos mobilisations, nous en appelons à la solidarité des autres campus, des personnels des universités et des autres secteurs du monde du travail. Lors des mobilisations des salarié·e·s, dans la défense des services publics ou de leurs emplois, nous cherchons à tisser des liens avec eux et elles, en participant à leurs actions mais aussi en les soutenants financièrement. Par exemple, durant la grève des postier·e·s du 92, la présence des étudiant·e·s de Nanterre en soutien dans l’ensemble des actions (blocage, envahissement, etc) a eu un impact considérable sur la victoire finale.

Avec les regroupements universitaires et les fusions, nous sommes poussé·e·s de facto à agir de la sorte en regroupant dans le cadre d’intersyndicales ou de réunions communes les étudiant·e·s et les salarié·e·s pour discuter ensemble. Bien entendu, ce ne sont pas aux étudiant·e·s de voter la grève des salarié·e·s et vice-versa. Pour autant, ces liens doivent être entretenus et construits avec l’idée que c’est bien ensemble qu’il faut lutter car c’est ensemble qu’on pourra gagner. L’unité doit être un outil de mobilisation. Ainsi, si des membres de l’intersyndicale refusent une initiative qui nous semble juste et sur laquelle nous savons que le milieu étudiant peut être réactif, nous devons la proposer avec celleux qui souhaitent en être. La jeunesse a des rythmes de politisation et de mobilisation différents du reste de la société et est souvent plus disponible à la lutte que les salarié·e·s.

★ La grève générale: notre orientation dans les mouvements
Lors de la mobilisation contre la loi travail, nous avons pu toucher du doigt ce que serait un tou·te·s ensemble : des milliers de jeunes dans la rue et en grève, des raffineries bloquées, des secteurs du public comme du privé en grève qui participent à des manifestations et des actions communes. Plus récemment, la grève à la RATP le 13 septembre, montrent un premier pas de ce que pourrait être un blocage du pays. 
Lorsque des mouvements éclatent, nous défendons la mise en place de coordinations régionales et nationales pour que les étudiant·e·s soient les maîtres de leur mobilisation et puissent élire des délégué·e·s qui se réunissent et discutent des rythmes adéquats. C’est en faisant cela, que nous permettrons à tou·te·s les étudiant·e·s, organisé·e·s ou non, de prendre pleinement leur place, de faire leurs propres expériences, de se rendre compte des tâches à accomplir et faire leurs propres erreurs.

En parallèle, nous défendons les AG interprofessionnelles avec des jeunes et des travailleur·euse·s de différents secteurs. C’est comme cela que l’on peut se rendre compte des forces et des faiblesses d’une mobilisation, décider d’actions communes et organiser la solidarité intersectorielle. Nous préparons cela au quotidien en tissant des liens avec les sections syndicales qui sont prêtes à agir. La loi travail a vu émerger une avant-garde large, de jeunes et de salarié·e·s, comprenant que seule la grève générale permet de gagner, et que nous devons chercher à la construire nous-mêmes, indépendamment des directions syndicales. Une partie de cette avant-garde s’est fédérée par l’initiative du « 1er Tour Social » le 22 avril 2017, puis s’est regroupée dans le Front Social. L’UNEF doit être partie prenante de la reconstruction d’un mouvement syndical opposé à toutes les attaques, sans aucune attache vis-à-vis des gouvernements et qui défend la perspective d’un tou·te·s ensemble. Nous devons investir le Front Social, afin de développer une politique de regroupement efficace.

★ Défendre notre projet et l’avenir de notre génération
Nous défendons la grève générale car nous savons que notre projet pour l’ESR et l’ensemble de la société est contradictoire avec celui de la classe dominante. Il est donc nécessaire de l’imposer et de l’arracher par nos propres forces. Les expériences des différents gouvernements ont montré que les classes dominantes étaient prêtes à tout pour imposer leurs plans. Aujourd’hui Macron offre aux jeunes un avenir sans études, ni travail, ni retraite, ni planète. Il brade notre avenir, nous devons nous battre pour le reprendre. La seule chose qu’il craint, et la répression le démontre, c’est de voir des jeunes et des travailleur·se·s s’organiser ensemble dans la lutte et qui font grève pour un objectif commun. Sans ces mobilisations,  les discussions sur le pré-salaire d’autonomie ou un droit à l’avenir ne sont que des vœux pieux.

L’UNEF doit avoir conscience de la lourde tâche qui est devant elle : faire face aux multiples appétits des capitalistes et des gouvernements à leur service. Construire un avenir commun pour notre génération et une société qui répond réellement aux besoins sociaux, face à la précarité à vie qui nous est promise, ne pourra se faire en faisant l’économie d’une riposte d’ensemble des jeunes et des travailleur·se·s, car ce sont ces dernier·e·s qui sont le moteur du progrès.

III. Face à la classe dominante et la réaction : l’unité de notre camp social, un enjeu syndical
La crise économique, sociale et écologique, comme horizon indépassable est également le terreau fertile pour la réaction. Les classes dirigeantes s’appuient largement sur le racisme, le sexisme et les LGBTIphobies pour diviser notre camp social et limiter ses capacités de résistance aux politiques antisociales. Les discours politiques nauséabonds ont des répercussions dans le milieu étudiant. Il est de la responsabilité de l’UNEF de réaffirmer son objectif de transformer la société, de combattre l’ensemble des oppressions et de construire un outil syndical, plus ouvert et démocratique, qui se donne les moyens pour sa politique.

A/ Un syndicat de transformation sociale qui lutte contre les oppressions spécifiques
Corporatisme, individualisme et division restent présents sur nos campus, l’UNEF doit réaffirmer qu’en tant que jeunes travailleur·se·s intellectuel·le·s en formation, les intérêts des étudiant·e·s sont liés à ceux des travailleur·euse·s et que nous avons des intérêts matériels et moraux en commun à défendre, quels que soient notre origine sociale, notre couleur de peau, notre genre ou notre sexualité.

1. Transformer la société aux côtés de travailleurs et des travailleuses
Si les étudiant·e·s n’ont pas encore une place définie dans les rapports de production, l’immense majorité se destine à vendre sa force de travail sur le marché de l’emploi. Une majorité d’étudiant·e·s est déjà contrainte de faire des petits boulots pour financer ses études. Défendre une université publique ouverte à tou·te·s et un pré-salaire d’autonomie dépasse largement le cadre clos de l’ESR. Ce projet n’est possible qu’en construisant une société qui fasse passer les besoins sociaux avant les profits. C’est en s’alliant avec le monde du travail, dans les luttes qu’il sera possible de prendre sur les profits pour répartir les richesses, car ce sont les salarié·e·s qui sont le moteur de la transformation sociale. Tisser des liens avec les travailleurs, même hors période de lutte, comme c’est le cas dans le Front social, est un enjeu pour notre organisation.

2. Combattre le racisme perpétué jusqu’au sommet de l’Etat
2 260 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée en 2018, fuyant la guerre et la misère provoquées par les puissances impérialistes en Afrique et au Moyen-Orient pour chercher refuge en Europe. Face à cette situation, les discours racistes ne font que se libérer. La récente loi Asile et Immigration, qui marque un recul sans précédent des conditions d’accueil dans ce pays, s’est faite contre l’avis de toutes les organisations humanitaires et en solidarité avec les migrant·e·s. Le racisme d’Etat, la rhétorique du choc des civilisations, la marionnette du racisme anti-blanc et l’islamophobie décomplexée sont relayés dans les grands médias, et les agressions islamophobes se multiplient (676 en 2018, une hausse de 52%).On peut penser aux discours revenant régulièrement sur l’interdiction du voile à l’université. Ou les discriminations de poids que subissent les étudiant·e·s étranger·e·s : sélection croissante à l’entrée des universités par Campus France, obligation de justifier une certaine somme d’argent pour bénéficier d’une inscription, refus injustifiés d’équivalence de diplômes étranger·e·s, et enfin l’augmentation scélérate des frais d’inscriptions.

L’UNEF doit combattre les arguments réactionnaires et le racisme d’Etat en liant ces questions à nos campagnes sur les campus et en participant aux mobilisations contre le racisme et l’islamophobie, aux côtés des associations et collectifs qui les combattent au quotidien. Par exemple, la campagne anti-racisme au 1er semestre 2019 aurait dû être un point d’appui pour la mobilisation contre la hausse des frais d’inscription. 
Par ailleurs, l’UNEF doit réaffirmer le mot d’ordre « carte d’étudiant·e = titre de séjour ». Nous exigeons la régularisation de tou·te·s les sans-papiers et l’octroi de titres de séjour pour tou·te·s les étudiant·e·s étranger·e·s en nous appuyant sur l’action collective des premier·e·s concerné·e·s et la construction d’un rapport de force face aux présidences d’universités et aux préfectures.
Par exemple, à Clermont-Ferrand, à la rentrée 2017, l’UNEF Auvergne avec le Réseau Education Sans Frontières, dont elle est membre, a participé avec plusieurs centaines de réfugié·e·s à l’occupation de la cour de la faculté de Lettres. C’était une occupation politique et symbolique, l’université étant un lieu public d’ouverture, de solidarité et d’émancipation. Ce fut une lutte acharnée aux côtés des concerné·e·s pour faire appliquer le droit bafoué des réfugié·e·s à un logement digne lors de leur arrivée en France. Après trois semaines de mobilisation, la préfecture du Puy de Dôme à cédé face au rapport de force imposé et a relogé la totalité des réfugié·e·s.

3. Combattre l’autoritarisme d’Etat
Depuis 2015, c’est l’état d’urgence permanent, traduit par le renforcement de la pression policière dans les quartiers populaires, en témoignent la mort d’Adama ou le viol de Théo, démonstrations du racisme d’État quotidien ayant révolté de nombreux·ses jeunes. L’UNEF doit participer aux initiatives de lutte et de solidarité aux côtés des collectifs contre les violences policières, exiger que justice soit rendue pour l’ensemble de ces violences, et proposer des revendications offensives, comme la dissolution de la BAC.

Face au mouvement social, depuis 2016, les mesures liberticides et répressives se multiplient. Aujourd’hui la répression sur le mouvement des gilets jaunes a démontré le tournant autoritaire du gouvernement Macron : entre 2 000 et 3 000 blessé·e·s, une morte, des milliers de procès, et la loi dite anti-casseurs.

Dans le monde du travail, la répression syndicale est quotidienne, et nombre de militant·e·s syndicaux sont traîné·e·s devant les tribunaux et condamné·e·s, parfois à de la prison ferme, pour avoir défendu leurs emplois. Dans les université cette répression s’abat aussi. Dans le mouvement contre la loi O.R.E de nombreuses occupations ont été expulsées par la police, légitimant les attaques d’extrême-droite. A Nanterre le 9 avril 2018, une AG était attaquée par la police entraînant le procès et la condamnation de Victor et Roga. La répression syndicale s’abat, en témoignent les interdictions de réunion, de faire des tables, d’intervenir. Victor et Mickaël, camarades du syndicat sont passés en section disciplinaire pour leur activité syndicale. Ils ont été relaxés, mais la présidence a fait appel au CNESER.

Face à la répression des mouvements sociaux, l’UNEF doit réaffirmer les libertés démocratiques, le droit de manifester et de se réunir. La question de la répression doit être partie prenante de notre matériel, et nous devons aider les camarades réprimé·e·s à payer leurs frais de justice.

4. Après MeToo, et face à l’ordre moral, un syndicat féministe
La crise économique a des conséquences violentes pour les femmes. Elles sont en effet davantage touchées par le travail à temps partiel, les licenciements et les contrats précaires. Elles sont également contraintes de compenser la casse du service public en effectuant de manière gratuite les tâches domestiques, ce qui leur impose une double journée de travail. Dans les universités, les inégalités de genre se manifestent par une représentation inégale selon les filières. Les femmes sont majoritaires dans les UFR de Lettres et de Sciences humaines, qui sont les plus touchées par les coupes budgétaires. Elles doivent parfois composer entre vie de famille, professionnelle et étudiante, au détriment de leur poursuite d’étude. La précarité menstruelle est importante : on estime à plusieurs milliers d’euros (en moyenne 3 800€) les dépenses que fait une personne réglée tout au long de sa vie. C’est pourquoi nous exigeons la gratuité des protections périodiques et leur libre accès à la fac.

Les violences sexistes sont aussi quotidiennes à l’université : harcèlement sexuel de la part d’enseignants, discriminations dans les évaluations, campagnes sexistes des corporations étudiantes. L’UNEF doit donner toute sa place à un combat féministe toujours d’actualité, en appelant à des dates déjà existantes comme le 8 mars et le 25 novembre, mais aussi en organisant des événements dans les facs (AG, réunions d’information, conférences, rassemblements). Nous nous battons pour l’accès gratuit à la contraception dans les centres médicaux universitaires, l’ouverture de crèches, de centres d’accueil pour les victimes de violences, et contre les fermetures des centres IVG. Si le mouvement MeToo, depuis 2017, a permis de médiatiser à une large échelle les violences sexistes et sexuelles, il est resté, en France, principalement cantonné à des initiatives institutionnelles et sous l’influence du féminisme bourgeois. La question de la grève, comme moyen d’auto-organisation et d’hypothèse stratégique, a été très peu posée, dépossédant ainsi une grande partie des femmes de notre camp d’un outil de débats, de décisions et d’organisation. Dans les facs, nous avons choisi de faire le lien entre violences patriarcales et sélection lors des AG et de nos interventions en 2018 contre la loi ORE, ou encore cette année contre la hausse des frais d’inscription. Cela a en partie permis de dénoncer le caractère sexiste de la sélection, ainsi que l’auto-organisation des étudiant·e·s et une réflexion rendue possible par le temps de cours libéré grâce à la grève et pendant les AG sur ces questions. Nous mettons effectivement en avant des revendications féministes en propre et des argumentaires spécifiques à chaque réforme, pour en analyser le contenu discriminant. Les victimes de cette réforme sont en premier lieu les filles des familles défavorisées, qui faute de moyens face à cette hausse drastique des frais d’inscription sont exclues de l’université. Dans une période où les féminicides sont en augmentation, nous nous dotons d’une campagne féministe sur la question.

5. Face aux LGBTIphobie, à la montée des violences, exigeons l’égalité
L’ouverture du mariage aux couples homosexuels en 2013 a constitué une avancée. Mais nous voyons une augmentation des actes LGBTIphobes (près de 1905 témoignages soit une hausse de 15 %) et la première cause de suicide chez les jeunes est l’homophobie. Le gouvernement porte une lourde responsabilité dans ce phénomène, n’ayant cessé de repousser le débat sur la PMA, finalement ouvert le 24 septembre. L’occasion pour la Manif pour Tous de se remettre en ordre de bataille pour contrer la réforme. Nous ne pouvons pas laisser la rue aux réactionnaires, mais nous devons organiser une réponse de l’ensemble de notre camp social.

Les droits des personnes transgenres ont été totalement délaissés. Lutter contre l’homophobie et la transphobie, qu’elle soit manifeste ou sous-jacente, est plus que jamais une nécessité pour le syndicat, alors que les LGBTIphobies constituent une des premières causes de suicide chez les jeunes. L’UNEF doit soutenir et relayer les revendications des LGBTI, en organisant la sensibilisation sur les facs, mais aussi en participant à des manifestations comme la Marche des Fiertés, dans des cortèges d’étudiants et de travailleur·se·s, comme à Grenoble en 2018, et à des événements comme la Journée contre la transphobie, le 17 mai.

Nous revendiquons l’utilisation effective, par l’ensemble du corps enseignant et administratif, du prénom d’usage pour les étudiant·e·s transgenres, sur simple demande, sur tous les papiers administratifs, ainsi que la mise en place de toilettes non-genrées. 

6. Un syndicat internationaliste en soutien à la contestation internationale
Ces dernières années nous avons vu des soulèvements internationaux importants avec la mobilisation des étudiant·e·s à l’avant garde des mobilisations : Algérie, Hong Kong, Soudan. L’UNEF doit oeuvrer à construire un syndicat étudiant internationaliste qui puisse tisser des liens avec les étudiant·e·s partout dans le monde. Partir de nos propres combats et faire le lien avec d’autres travailleur·se·s et étudiant·e·s pourra permettre de contrer les mesures internationales d’austérité et apprendre des luttes pour construire les nôtres. 

7. L’urgence écologique : en finir avec la destruction planétaire
Dans la jeunesse, la question climatique radicalise. Le 15 mars, nous avons observé la plus grande grève lycéenne depuis 10 ans (40 000 manifestant·e·s en région parisienne, 130 000 nationalement). L’intérêt grandissant pour cette question est l’une des nombreuses expressions de l’explosivité de la situation. Face à cela, nous devons pointer du doigt la responsabilité majoritaire des capitalistes, en exigeant que les principaux pollueurs (Total, Lafarge, Areva, entre autres) ne soient plus en capacité de nuire. L’UNEF doit s’armer du matériel nécessaire, documenté et argumenté, pour mener cette bagarre idéologique sur la question du changement de système et des alternatives. 

B/ Un syndicat indépendant, unitaire et démocratique
Le sentiment de rejet des organisations traditionnelles et notamment des syndicats reste très présent dans la jeunesse comme dans le reste de la société. Alors que l’ESR compte moins de 1% d’étudiant·e·s syndiqué·e·s, l’UNEF doit repenser ses liens avec le milieu étudiant. Dans ce chantier, les questions de structuration et de fonctionnement ne doivent pas être considérées comme secondaires : avoir un outil efficace qui permet de se donner les moyens de sa politique est une nécessité. L’UNEF doit être un outil pour reconstruire des réflexes de lutte et d’auto-organisation à une échelle la plus massive possible, afin de servir les intérêts du mouvement étudiant.

1. Un syndicat unitaire et démocratique qui œuvre à la réunification syndicale
Regrouper les différents courants politiques et syndicaux qui existent sur nos campus est un enjeu majeur du renforcement du syndicalisme étudiant et de la reconstruction des capacités de résistance de notre milieu. Perte de vitesse de l’UNEF, désagrégation de Solidaires étudiant·e·s, syndicats locaux, départ de plusieurs groupes de l’UNEF, partis fonder la FSE ou des syndicats locaux : le syndicalisme étudiant est éparpillé, et la direction du syndicat en porte une responsabilité. Cette dispersion rend difficile la coordination entre différentes équipes militantes et profite aux organisations corporatistes et réactionnaires, affaiblissant ainsi le mouvement étudiant et ses possibilités de luttes victorieuses face aux nombreuses attaques des gouvernements. Nous devons réunifier le mouvement étudiant dans un seul et même syndicat, et cela passera par une démarche unitaire et démocratique. C’est dans ce sens que nous devons saisir l’occasion des Etats-Généraux du syndicalisme étudiant.

Nous devons œuvrer à construire des cadres unitaires sur les campus nationalement, y compris avec les organisations politiques de jeunesse, pour lutter contre toutes les mesures qui remettent en cause nos conditions de vie et d’étude. Pour être plus efficaces dans l’action, nous cherchons à favoriser les cadres où les étudiant·e·s peuvent décider par eux et elles-mêmes de leur lutte, comme les AG. Si en tant qu’organisation, nous y défendons une orientation, nous respectons les décisions qui y sont prises, car c’est la condition pour que les étudiant·e·s fassent l’expérience de la vraie démocratie.
Le pendant de cette orientation démocratique dans tous les cadres dans lesquels nous intervenons est une profonde rupture démocratique en interne, qui est l’une des clefs pour faire face à la crise militante. Si le droit de tendance est aujourd’hui une garantie élémentaire de démocratie, il ne suffit pas à régler l’ensemble des problèmes, et doit être profondément amélioré. Tout·e militant·e de l’UNEF doit pouvoir s’exprimer et peser sur l’orientation du syndicat. Les tendances minoritaires du syndicat doivent avoir accès au fichier national des adhérent·e·s, pour être en capacité de s’adresser à tout·e·s. De même, toutes les tendances doivent pouvoir soumettre au vote leur texte d’orientation dans les collectifs nationaux.

Localement, c’est à tou·te·s les militant·e·s de mener l’activité du syndicat, et pas seulement à celleux appartenant à la tendance majoritaire sur une AGE. Le poids et l’influence des tendances minoritaires localement doit être sérieusement reconnu et respecté, sous peine de voir le syndicat s’affaiblir davantage. Pour cela, l’accès au local et l’organisation de collectifs d’AGE réguliers sont indispensables. Ces derniers doivent pouvoir décider de l’activité de la semaine, discuter des tracts et de leur contenu. Des AG des adhérent·e·s devraient être mises en place une fois par semestre minimum, permettant à l’ensemble des adhérents localement de décider collectivement des campagnes du syndicat.

2. La formation des militant·e·s, toujours une priorité
Avec la crise militante de l’UNEF et la multiplication des fronts sur lesquels nous devons engager nos forces, nous avons eu tendance les années précédentes à négliger les tâches de formation pratique et théorique de l’ensemble des militant·e·s : de moins en moins de formations locales, des bulletins de liaisons des AGE et kits de formation moins réguliers, etc.

Cette situation se traduit par un affaiblissement politique qui a des conséquences sur notre activité au quotidien, que ce soit pour convaincre les étudiant·e·s, prendre en charge leurs dossiers ou avoir les bons réflexes pour construire les mobilisations. Si nous ne réagissons pas collectivement, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les étudiant·e·s les plus vulnérables : les sans-facs, les étudiantes qui subissent le sexisme, les étudiant·e·s étranger·e·s qui jouent leur droit de rester en France. Une organisation ne formant pas ses militant·e·s est une organisation qui ne pourra pas durer. 
En outre, l’UNEF n’est pas en dehors de la société et les oppressions patriarcales ou racistes ne s’arrêtent pas à sa porte. Si des progrès ont été réalisés dans la prise en compte de ces oppressions, nous ne pouvons pas nous satisfaire de la situation. Il est nécessaire de renforcer les formations sur ces questions. Il est également urgent de mettre en place les structures adéquates pour gérer efficacement les affaires de sexisme, de LGBTIphobie ou de racisme. 

La mise en place de “personne de confiance” par la direction du syndicat est loin d’être une réponse suffisante, car elle repose sur une gestion individuelle des problèmes. De même la décision d’écarter, ou de sanctionner des camarades ne peut être une décision individuelle ou de la seule direction du syndicat. Au contraire, les oppressions sont des problèmes politiques collectifs, qui regardent l’ensemble de l’organisation. L’UNEF doit se doter d’une commission de médiation spécifique, paritaire à tous les niveaux (genres, tendances, etc.), qui proposent des solutions et des sanctions.

3. Un syndicat indépendant de l’Etat 
L’UNEF doit se donner les moyens de retrouver un auto-financement pérenne, basé exclusivement sur la cotisation des adhérent·e·s et sur des souscriptions annuelles menées de façon militante. Si le FSDIE peut être sollicité pour financer des campagnes spécifiques, l’activité syndicale quotidienne ne peut pas en être dépendante. Pour cela, et malgré la précarisation des étudiant·e·s, il est nécessaire de convaincre les adhérent·e·s de verser réellement les 20€ de cotisation.

De la même façon, nous nous opposons à ce que le syndicat trouve des financements par le biais de la collaboration avec des organismes à but lucratif, tels que les préparations privées aux concours ou les entreprises proposant des réductions. Notre financement doit pouvoir s’affranchir des intérêts privés et sectoriels de façon à défendre au mieux et en toute indépendance les intérêts matériels et moraux des étudiant·e·s.


Voter pour la Tendance Action Collective et Luttes Étudiantes c’est voter pour :
Un syndicat qui combat les réformes libérales de l’ESR et revendique : l’abrogation de la loi Fioraso et de la loi Master, l’abrogation de la loi ORE et de l’arrêté licence de 2018, la réduction des frais d’inscription, l’arrêt des regroupements, la fin de l’autonomie budgétaire des universités et un financement 100% public des universités à hauteur des besoins   
Un syndicat qui s’appuie sur des revendications d’urgence pour les étudiant·e·s et les jeunes, qui les porte lors des élections universitaires et aux CROUS et dans les mobilisations, et les articule avec un projet global pour l’ESR et la société   
 Un syndicat qui bataille contre la dégradation des conditions de vie des étudiant·e·s et qui réclame la mise en place d’un véritable pré-salaire d’autonomie
 Un syndicat qui s’offre les moyens de lutter efficacement et démocratiquement contre les oppressions spécifiques
★ Un syndicat qui se batte au côté du mouvement ouvrier, pour une mobilisation de l’ensemble de la jeunesse et du monde du travail contre les politiques antisociales, pour construire un nouveau mai 68 qui irait jusqu’au bout
 Un syndicat réellement démocratique, réunifiant l’ensemble du syndicalisme étudiant au sein d’une même organisation, où l’ensemble des militant·e·s ont les mêmes droits au sein de l’organisation et où l’ensemble des positions syndicales ont un droit d’existence et d’expression publiquement et au sein de l’organisation, peu importe leur poids

Signataires :
- Laura G, Présidente de l’A.G.E du Mans, VPE
- Rémi B, secrétaire de l’A.G.E du Mans 
- Maïa H, Trésorière de l’A.G.E du Mans, élue CFVU
- Wanda K, Présidente de l’A.G.E de Grenoble
- Antonin B, trésorier de l’A.G.E de Grenoble
- Quentin, militant UNEF Grenoble
- Anaïs G, militante UNEF, Lille 3
- Barth P, BN, élu CFVU, Nanterre
- Victor M, CC, élu CFVU, Nanterre
- Marine D, élue CUFR-LCE, Nanterre
- Cécil-e L, élue CUFR-SSA, Nanterre
- Angela G, élue CFVU, Lyon 2
- Léna D, élue UFR-ASSP, Lyon 2
- Adil O, militant UNEF, Lyon 2
- Amar B, militant UNEF Lyon 2
- Léo M, militant UNEF Lyon 2
- Anthony B, militant UNEF Lyon 2
- Maëlle S, militante UNEF, Lyon 3
- Colin G, militant UNEF, Lyon 3

Signature de soutien :
- Anna M, Présidente de l’A.G.E d’Auvergne
- Benoit I, UNEF Auvergne
- Paco, UNEF Auvergne

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https://drive.google.com/file/d/1SARcQl_r3La2OKJjYfOnHnraf-CZhBcx/view

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