Texte d'orientation pour le 85ème Congrès de l'UNEF (Avril 2017)
Construire
la riposte étudiante face à la casse du service public
d'enseignement supérieur et à la précarité !
(Le texte résumé, ainsi qu'un lien de téléchargement, se trouvent en fin de page)
Notre 85e congrès
s’ouvre dans le contexte des élections présidentielles en France.
A cette occasion, l’UNEF doit tirer le bilan du gouvernement
Hollande. Les 5 dernières années ont été marquées par des
attaques de toute part contre les acquis sociaux et les droits des
jeunes et des salarié·e·s : casse des services publics (santé,
transport, éducation…) ; casse du droit du travail ; cadeaux au
patronat (CICE, etc.). Plus que jamais, les classes dirigeantes
s’organisent pour démanteler ce qui reste des protections sociales
acquises depuis un siècle par notre camp social.
L’ensemble de ces
politiques ont des conséquences très concrètes sur les conditions
de vie et d’études de notre génération. La précarité et la
galère sont notre lot quotidien. Nous sommes la première génération
à savoir pertinemment que nous vivrons moins bien que celle de nos
parents. Alors que 5 millions de personnes pointent à Pôle emploi,
obtenir un diplôme n'apparaît plus suffisant pour trouver un emploi
stable et notre insertion sur le marché du travail est synonyme de
parcours du combattant. Alors que la campagne présidentielle est bel
et bien lancée, les postulant‧ e‧ s rivalisent dans les
propositions réactionnaires et libérales. L’UNEF doit se préparer
au combat quelle que soit l’issue du scrutin.
Ce 85e congrès doit
également nous permettre de dresser des bilans lucides sur la
situation du syndicat. L’UNEF est en perte de vitesse et connaît
un recul militant, politique et institutionnel. C’est d’abord le
produit de la baisse de confiance en l’action collective de notre
milieu, fragilisé socialement, qui se traduit par la progression de
la non-organisation. C’est également le résultat de la politique
que la direction du syndicat a mené : syndicalisme délégataire,
dialogue social avec le gouvernement qui s’est traduit par son
soutien à la loi Fioraso ou à loi master… Pourtant, des
résistances existent sur nos campus et la lutte contre la loi
travail a constitué la plus importante mobilisation sociale depuis
celle contre la réforme des retraites en 2010. Si ces résistances
n’ont pas réussi à mettre un coup d’arrêt aux attaques du
gouvernement, notamment du fait de leur isolement, elles prouvent que
la révolte et la capacité de lutte de la jeunesse n’ont pas
disparu.
La tendance Action
Collectives et Luttes Etudiantes a pour objectif de doter notre
syndicat des outils qui lui manque aujourd’hui pour inverser la
situation de paupérisation des étudiant‧ e‧ s et de dégradation
du service public. Nous proposons de rompre avec le syndicalisme
délégataire en remettant au cœur de notre démarche syndicale la
construction du rapport de force, par l’action collective des
étudiant‧ e‧ s dans la défense de leurs droits. Nous proposons
de doter l’UNEF d’une stratégie qui cherche à construire et à
regrouper les contestations étudiantes, en lien avec les
salarié-e-s. Face au niveau des attaques, il faut mettre à l’ordre
du jour la construction d’une grève majoritaire du milieu
étudiant, seule capable d’enrayer la machine libérale à l’œuvre
depuis 30 ans dans nos universités.
I/
Un projet offensif face à la précarité étudiante et à la casse
de l’enseignement supérieur
Si le candidat Hollande
faisait de la jeunesse sa « priorité » en 2012, force est de
constater que la situation des étudiant‧ e‧ s et des universités
s’est largement aggravée. Un large accord existe pour dénoncer
les politiques d’austérité qui dégradent nos conditions
d’études, remettent en cause le service public et renforçant la
sélection sociale. En revanche, la direction de l’UNEF est restée
très timide sur la réorganisation en cours dans nos universités,
des regroupements universitaires à la refonte de nos formations, en
passant par la sélection. Nous devons nous doter d’une grille de
lecture cohérente du projet des gouvernements successifs, pour s’y
opposer sans concession et défendre un projet syndical offensif seul
capable de garantir la réussite de toutes et tous.
A/
La casse de l’université publique : la direction de l’UNEF
accompagne
Accompagnant la politique
du gouvernement, notre syndicat en est arrivé à soutenir deux des
principales attaques contre l’université publique : la loi Fioraso
il y a 4 ans et la mise en place de la sélection à l’entrée du
M1 en 2017. Le 85e congrès doit être l’occasion de tirer les
bilans et de rompre définitivement avec l’accompagnement au cas
par cas des réformes libérales.
1.
Crise budgétaire des universités : la faute à l’autonomie
financière
Depuis plusieurs années,
un grand nombre d’universités a connu des épisodes successifs de
déficit budgétaire qui se sont tous soldés par des plans de
rigueur. Les conséquences ont toujours été néfastes pour les
étudiant‧ e‧ s : suppressions de filières et de TDs, réduction
du volume horaire, liquidation d’une à deux semaines de cours par
an, mise en place de cours en ligne pour remplacer ceux en
présentiel, dégradation des conditions d’examens, coupes dans les
supports pédagogiques, etc.
Sous pression des
pénuries, des présidents d’universités appellent ouvertement à
la sélection… et d’autres la pratique de manière à peine
voilée ! Les capacités d’accueil sont limitées et un tri
aléatoire s’opère par le biais d’APB, 20% des licences sont
d’ores et déjà soumises à ce tirage au sort. Le « bas » coût
des frais d’inscription par rapport à nos voisins est pointé du
doigt au sein de la CPU ou de certains think-tanks proches du
pouvoir. Augmenter les droits d’inscription est dangereux pour
l’accès des catégories populaires. Ce serait même économiquement
inefficace : un quadruplement des droits rapporterait moins d’un
milliard d’euros... alors que le budget de l’ESR dépasse les 24
milliards !
La cause profonde des
déséquilibres budgétaires est ailleurs: nous subissons les
conséquences de l’autonomie financière et le passage aux «
responsabilités et compétences élargies » (RCE). Les facs gèrent
elles-mêmes l’ensemble de leur budget : masse salariale,
entretien, locaux, assurances, sécurité… Or, les coûts
augmentent, notamment à cause de l’évolution de carrière des
personnels que l’Etat ne compense pas. Ce désengagement financier
contraint les universités à puiser dans leurs réserves. A Paris 1,
par exemple, le fonds de roulement s’est évaporé depuis 2008,
passant de 28 millions d’euros à 2 millions aujourd’hui.
2.
La loi Fioraso et la restructuration de l’ESR
Dénoncer les pénuries
budgétaires sans s’attarder sur la logique des réformes, comme le
fait le direction de l’UNEF depuis trop longtemps, nous désarme
face à elles. Depuis quinze ans, les gouvernements successifs ont
réformé profondément l’ESR. La réforme Licence-MasterDoctorat
en 2002 a garanti l’autonomie pédagogique des universités,
permettant de définir librement le contenu de chaque formation qui
était avant cadrés nationalement. La loi « Libertés et
Responsabilités des Universités » (LRU) de 2007, a instauré
l’autonomie financière et s’est accompagnée de l’austérité.
Depuis cinq ans, la gauche au pouvoir n’a fait que poursuivre cette
politique désastreuse. La loi Fioraso de 2013 a approfondi le
processus de libéralisation de l’université publique. La mesure
phare de cette réforme est la régionalisation de l’ESR. Alors que
le paysage universitaire français comptait plus de 80 universités,
le gouvernement a fait le choix d’obliger l’ensemble des
établissements à fusionner ou à se regrouper, dans le cadre de
Communautés d’universités et d’établissements (COMUEs), en un
vingtaine de pôles régionaux.
La dangerosité des
fusions d’universités n’étaient plus à démontrer au moment du
vote de la loi : les fusions à Aix-Marseille, en Lorraine ou à
Strasbourg ont entraîné des déficits abyssaux de dizaines de
millions d’euros. Cependant, la direction de l’UNEF voyait dans
les COMUEs une brèche syndicale car, contrairement aux Pôles de
recherche et d’enseignement supérieur (PRES) – mis en place en
2006 –, ces nouvelles structures seraient plus démocratiques avec
des représentant‧ e‧ s étudiant‧ e‧ s, et que cela pourrait
constituer des « pôles de contre-pouvoir étudiant » pour
préserver nos formations. Cette position s’est avérée erronée
depuis 4 ans. Partout, les projets votés sont profondément
anti-démocratiques. Les élu‧ e‧ s étudiant‧ e‧ s (et les
élu‧ e‧ s tout court !) sont archi minoritaires par rapport aux
directions et aux personnalités extérieures (patrons,
collectivités).
Partout, les COMUEs sont
synonymes d’attaques contre nos droits et nos diplômes car elles
ont des prérogatives immenses en matière de formation. L’objectif
du gouvernement est que l’offre de formation (le contrat
d’accréditation) soit discutée et harmonisée à l’échelle des
COMUEs, et le ministère exige qu’aucun doublon de diplôme ne
subsiste. Ces gros mastodontes universitaires visent donc à
rationaliser à l’échelle régionale en fonction des contraintes
budgétaires. Par exemple, dans le cadre de Sorbonne Paris Cité, un
mastodonte de 130 000 étudiants, Paris 3 fait face aux risques de
suppression de ses filières Cinéma (en doublon avec Paris 7),
Médiation culturelle (avec Paris 13) où en Langue (avec l’Inalco).
Dans beaucoup de cas, ces COMUEs ne sont sans doute même qu’une
première étape vers la fusion pure et simple.
La loi Fioraso laisse
aussi plus d’autonomie aux universités pour définir le contenu
des formations : l’Etat accrédite des mentions et les
établissements sont complètement autonomes en ce qui concerne les
spécialités. A terme, l’objectif est d’adapter l’ESR aux «
besoins du marché du travail », c’est-à-dire aux besoins des
employeurs. Cela passe par des diplômes personnalisés et
spécifiques aux bassins d’emploi, permettant une plus grande
“flexibilité”… et une plus grande précarité ! L’ensemble
de cette politique contribue à renforcer la concurrence entre les
établissements.
3.
La sélection à l’université, facs d’élites et facs poubelles
Le dernier épisode de ce
projet cohérent des classes dirigeantes n’a rien d’anecdotique :
la mise en place de la sélection formelle à l’entrée du M1 en
2017. Une nouvelle fois, la direction de l’UNEF a accompagné ce
recul, prétextant que cela constituait un pseudo « droit à la
poursuite d’étude ». En contrepartie de permettre aux universités
de sélectionner les candidats entre la L3 et le M1 – alors que
jusqu’à présent, l’obtention d’une Licence permettait en
principe de poursuivre en M1 et que la sélection s'opérait en M2 –,
la réforme oblige le rectorat à formuler 3 propositions aux
candidats recalés. La première conséquence que nous pouvons
craindre est que de nombreux étudiant‧ e‧ s, découragé‧ e‧
s par la procédure, abandonnent dès la notification de refus, comme
on le voit déjà pour les recalé‧ e‧ s d’APB. Cette réforme
va donc multiplier les problèmes d’inscription dès la rentrée
prochaine.
La seconde conséquence
est l’approfondissement de l’écart déjà existant entre des
filières « poubelles », vers lesquelles seront dirigé‧ e‧ s
la majorité des étudiant‧ e‧ s recalé‧ e‧ s à l’entrée
du M1 de leur choix, et des filières d’ « élites »,
sur-financées et ultra sélectives. Au regard de l’ensemble des
réformes précédentes, la loi Master vise essentiellement à mieux
diriger l’orientation des étudiant‧ e‧ s en fonction des
besoins immédiats du marché, vers les formations délaissées bien
qu’utiles pour les patrons. Elle correspond surtout à la pression
des grandes entreprises qui cherchent, outre une main d’œuvre
précaire et flexible, à avoir une main d’œuvre formée
spécifiquement pour certains postes d’encadrement. Et encore,
cette analyse repose sur la perspective optimiste que les masters
proposés seront de qualité, et non pas simplement des voies de
garage créées par les universités pour avoir un choix à proposer
aux recalé‧ e‧ s.
Ce projet s’inscrit
donc complètement dans la mise en place d’un ESR à plusieurs
vitesses. L’Etat est d’ailleurs prêt à y mettre les moyens
nécessaires. Il a programmé sous Sarkozy 22 milliards d’euros
(80% du budget annuel de l’ESR) dans un Plan d’investissement
d’avenir (PIA) pluriannuel, pour financer des formations ou projets
de recherche élitistes et concurrentiels à l’international. Ce
plan a été prolongé par Hollande. Nombre de COMUEs ont déposé
des dossiers pour bénéficier du PIA 2. Les premières résultats de
cet appel d’offre est clair: pour bénéficier de ces financements,
le ministère fait presque de la fusion une condition nécessaire….
de quoi nous convaincre de l’urgence de rompre avec
l’accompagnement de ces réformes et de les combattre pour ce
qu’elles sont : un projet cohérent et global de soumission de
l’université publique aux impératifs du marché et du profit.
B/
Notre projet pour l’enseignement supérieur et la recherche
Plus de 120 000 jeunes
sur 700 000 quittent chaque année leur formation initiale avec tout
au plus le brevet des collèges, 41% se contentent d’un diplôme du
secondaire, et 42% seulement sortent diplômé‧ e‧ s du
supérieur. Ces chiffres sont marqués d’immenses disparités en
fonction de l’origine sociale : un‧ e enfant d’ouvrier a
presque autant de chances de sortir non diplômé‧ e que d’être
diplômé‧ e du supérieur. Accéder à l’université n’est pas
un gage de réussite, puisque de nombreux et nombreuses bachelièr‧
e‧ s y échouent et, même quand on y réussit, notre diplôme ne
va pas forcément de pair avec un statut stable et reconnu par la
société. Alors que l’inégalité d’accès et la mise en
concurrence sont les maîtres mots des réformes et que l’ESR est
de plus en plus la proie du marché, notre projet se fonde sur la
défense du service public. L’UNEF doit poser les bases d’une
véritable alternative, celle d’une université 100% publique,
gratuite et démocratique, ouverte aux enfants d’ouvrier.
1.
Défendre le service public : pour une université ouverte à toutes
et à tous !
Le rôle que nous donnons
à l’université est double : nous permettre l’acquisition de
connaissances générales et de développer un esprit critique, et ;
nous former pour occuper un emploi durable, en apportant des
qualifications reconnues dans les conventions collectives. Défendre
le service public, c’est se battre pour un financement 100% public
et à la hauteur des besoins. Nous luttons pour un plan de
recrutement et la titularisation de l’ensemble des précaires qui
représente le quart du personnel enseignant. Cela nécessite de
rompre avec l’autonomie financière. L’Etat doit cadrer avec
précision les moyens attribués aux universités, en fonction du
nombre d’étudiant‧ e‧ s, des besoins en personnel‧ le‧ s
et enseignant‧ e‧ s, etc.
Nous défendons le
service public pour lutter contre la reproduction sociale et
démocratiser les écoles réservées aux couches les plus
favorisées. L'ESR est divisé entre l'enseignement professionnel,
les prépas et grandes écoles, et les universités. Nous nous
battons pour l’intégration de l’ensemble des formations à
l’université et leur adossement à la recherche. L’Etat dépense
des millions d’euros chaque année pour financer des établissements
privés. Cela déstabilise le service public et ne donne aucune
garantie sur les contenus. Nous défendons leur suppression et leur
intégration dans le système public.
2.
Pour des diplômes nationaux reconnus sur le marché du travail
Défendre des diplômes
nationaux est plus que nécessaire. L’université comme « usine à
chômeurs » déconnectée des impératifs du marché est un mythe.
Le diplôme demeure une protection sur le marché du travail. Les
conditions de travail des diplômé‧ e‧ s du supérieur restent
plus avantageuses par rapport aux jeunes non diplômé‧ e‧ s.
Face à l’individualisation de nos formations qui favorise la mise
en concurrence des salarié‧ e‧ s pour tirer salaires et
conditions de travail vers le bas, nous opposons le cadrage national
des diplômes.
Nous nous battons pour
que le contenu précis de chaque diplôme et les modalités de
contrôle de connaissance soient définis nationalement par l’Etat,
de concert avec tous les acteurs et actrices de l’université.
C’est la condition pour qu’un diplôme de Droit ou d’Histoire
soit reconnu de la même manière quelle que soit l’université.
C’est aussi la condition pour que nous puissions nous défendre
collectivement sur le marché du travail.
3.
Pour une véritable insertion professionnelle : opposons les
qualifications à la logique des compétences
Les contre-réformes en
cours visent à casser les qualifications de nos diplômes,
c’est-à-dire l’ensemble des savoirs et outils qu’offre une
formation généraliste pour nous permettre de nous adapter sur le
long terme aux évolutions de l’emploi. Se développe a contrario
la logique d’accumulation de compétences, des savoir-faire
parcellaires directement utilisables sur le
marché du travail. La
loi Fioraso a introduit un « tronc commun » en Licence comprenant
notamment des modules « préprofessionnels » (écriture de CV,
projet personnel individualisé, etc.) et « transversaux »
(Langues, informatique).
Ces derniers viennent
remplacer du contenu qualifiant. Ce processus vise à transférer le
coût de la formation professionnelle de la main d’œuvre des
entreprises vers l’université. Les « acteurs économiques » ont
d’ailleurs une place plus importante dans les conseils des
universités et des COMUEs. Ils pourront faire évoluer le «
portefeuille de compétences » dont ils ont besoin comme bon leur
semble, sans débourser un centime.
4.
L’interdisciplinarité et une pédagogie alternative
Le « cadre national de
formation » chamboule le contenu de nos formations en mettant en
place la pluridisciplinarité en L1 et une spécialisation
progressive au sein de parcours. Loin de permettre une orientation
progressive, la pluridisciplinarité est en fait un moyen de plus de
faire des économies, en mutualisant les amphis et les cours dans les
filières d’un même domaine. Elle se traduit par l’empilage de
cours qui n’ont rien à voir les uns les autres. A cette
pluridisciplinarité absurde, nous opposons l’interdisciplinarité
: il s’agit de l’étude d’un même objet par le biais des
méthodologies propres à plusieurs disciplines. En combinant les
approches et les points de vue, on parvient à une meilleure maîtrise
du sujet, que ce soit au niveau de la recherche ou de l’enseignement.
En outre, une révolution
pédagogique est nécessaire. La structure de l’université tend à
nous infantiliser plutôt que de nous rendre autonomes dans notre
travail et développer notre esprit critique. Les TDs doivent
comprendre moins de 20 étudiant‧ e‧ s et les travaux en petits
groupes encouragés. Pour que les étudiant‧ e‧ s soient
réellement acteurs et actrices de leur formation, ils et elles
doivent pouvoir participer à la définition de tous ses aspects.
L'organisation d'examens terminaux doit aussi être garantie, pour
donner leur chance aux étudiants salariés.
5.
Garantir l’indépendance de la recherche avec des financements 100%
public
Le mouvement “Sciences
en Marche”, créé en 2014, a été révélateur des difficultés
budgétaires qui s’abattent sur le monde de la recherche. Les
budgets annuels représentent en moyenne 5 à 10 000 euros par an
dans de nombreux labos, qui doivent désormais se tourner vers
l’Agence Nationale pour la Recherche, qui accepte moins de 10% des
projets déposés ou vers des entreprises. Il est urgent d’augmenter
les crédits de base pour que l’ensemble des labos puissent
fonctionner grâce à l’argent public. Les financements sur projet
doivent être limités à des projets d’ampleur et ne pas servir à
financer la recherche au quotidien.
Le dispositif du Crédit
Impôt Recherche, mis en place par Sarkozy, et poursuivi sous
Hollande, représente un manque à gagner de 6 à 7 milliards d’euros
par an pour l’Etat. Il exonère d’impôts les entreprises qui
investissent en « recherche et développement ». Or, tout le monde
s’accorde à dire que ce dispositif est inefficace et ne bénéficie
essentiellement qu’à de grandes entreprises (Sanofi, Air France,
PSA), à des fins qui n’ont rien à voir avec la recherche. Le
gouvernement fait donc le choix de transférer l’argent public
directement aux grands groupes, alors que la moitié de cette somme
suffirait à faire tourner l’ensemble des labos publics.
La recherche publique,
indépendante et diversifiée est aujourd’hui menacée. Comment
justifier le fait que les travaux sur les énergies renouvelables
soient financés par Total ou Areva ? Cela pose un problème
fondamental du point de vue de l’orientation qui est donnée aux
travaux. Faire appel à leurs financements leur donne obligatoirement
un droit de regard sur le contenu des travaux. La recherche doit donc
rester 100% publique, dans l’intérêt de la société.
C/
Un véritable statut social étudiant pour en finir avec la précarité
Alors qu’un‧ e
étudiant‧ e sur deux inscrit‧ e en L1 échoue, que des milliers
quittent l’université sans diplôme et que la part de ceux et
celles issu‧ e‧ s des classes populaires recule, l’UNEF doit se
doter d’un projet syndical ambitieux pour permettre la réussite de
toutes et tous. L'une des conditions est la possibilité, pour tou‧
te‧ s les étudiant‧ e‧ s, de se consacrer pleinement à leurs
études. Alors que le coût de la vie augmente, nous ne pouvons pas
nous satisfaire d’une situation où 45% des étudiant‧ e‧ s
doivent travailler pendant l’année universitaire.
1.
Pré-salaire d’autonomie pour toutes et tous !
Nous défendons la mise
en place d’un véritable statut social étudiant. Les cotisations
sociales alimentent aujourd’hui un “pot commun” qui distribue
les allocations familiales, les indemnités chômage ou les pensions
de retraite. Ce “salaire socialisé” existe à quasiment tous les
âges de la vie… sauf pour les jeunes en formation ! En tant que
jeune travailleur intellectuel en formation, l’étudiant‧ e
devrait en bénéficier par le biais d’un salaire anticipé
(pré-salaire), prélevé dans ce “pot commun”, qu’il et elle
pourra ensuite alimenter tout au long de sa vie en travaillant,
suivant le principe de solidarité générationnelle.
La mise en sécurité
sociale du jeune est une condition de l’accès à son autonomie.
Nous défendons une rémunération forfaitaire, universelle dans
l’accès et le montant, incompressible et à hauteur du SMIC pour
permettre à chaque étudiant‧ e de faire ses propres choix
d’étude, de vie ou de sexualité, indépendamment de la pression
sociale ou familiale. Aujourd’hui, de nombreux jeunes dans le
besoin ne sont pas éligibles aux aides délivrées par le CROUS car
le calcul des droits s’appuie sur les deux dernières déclarations
fiscales des parents. Cette situation d’infantilisation de notre
génération ne peut plus durer !
Pour financer ce salaire
anticipé, nous proposons la création d’une nouvelle branche de la
sécurité sociale alimentée par une nouvelle cotisation sociale.
Cette branche “jeunesse”, devrait être gérée par un organisme
spécifique, dirigé par des représentant‧ e‧ s des
organisations de salarié‧ e‧ s et d’étudiant‧ e‧ s. Ce
projet ambitieux ne pourra être financé que par une hausse des
salaires et une meilleure répartition des richesses. Notre combat
est donc intimement lié à notre projet de transformation sociale,
qui vise à faire passer les besoins sociaux au premier plan par
rapport aux profits de quelques-uns. Un tel objectif ne pourra être
atteint que par la construction d’un rapport de force majoritaire
vis-à-vis du patronat.
2.
La défense du service public du CROUS
Notre syndicat doit
également se battre de pied ferme pour défendre le service public
des CROUS, aujourd’hui attaqué de toute part par l’austérité.
Dans chaque université, nous devons informer les étudiant‧ e‧ s
sur les réalités et la complexité du système actuel, en menant
des campagnes avant la clôture des DSE, en réclamant que le délai
s’étende sur l’ensemble du premier semestre car notre situation
sociale peut évoluer. Nous cherchons à organiser les étudiant‧
e‧ s en retard sur leurs dossiers en début d’année, par le
biais d’assemblées générales, de rassemblements devant les
CROUS.
Nous avançons des
revendications exigeantes sur le logement, la restauration étudiante
ou les transports gratuits. Trop d’étudiant‧ e‧ s ne trouvent
pas de place en Cités-U, et le système d’attribution reste trop
opaque. A Paris, le parc ne compte que 4 000 chambres intra-muros
pour 325 000 étudiants, soit 1 % de bénéficiaires, contre
seulement 7 % nationalement. Le nombre d’étudiant‧ e‧ s de
milieu modeste a augmenté dans les années 80, sans que la
construction ne suive. Ces logements souffrent en outre de défauts
récurrents : insalubrité, loyers inaccessibles pour les plus
précaires, connexion internet instable, etc. Les militant‧ e‧ s
de l'UNEF doivent recenser les problèmes pour y apporter des
solutions concrètes, et chercher à organiser les résident‧ e‧
s.
II/
Une stratégie syndicale à la hauteur des enjeux : construire la
riposte sociale
Face à cinq années de
politiques antisociales, de dérégulation et de casse de
l’Enseignement supérieur, des réactions ont émergé et une
frange de la jeunesse a clairement montré sa volonté d’en
découdre avec le gouvernement. Cependant, les directions syndicales,
notamment celle de l’UNEF, ont mené une politique hésitante ou
complice du gouvernement, approfondissant ainsi la perte de repère
du milieu étudiant. Alors que 2017 est une année présidentielle,
tou‧ te‧ s les postulant‧ e‧ s présentent des programmes
très clairs : continuer les politiques menées jusqu’ici, au
mieux, ou les accélérer, au pire. Face à cela, il faut mettre à
l’ordre du jour une riposte consciente et déterminée des
étudiant‧ e‧ s et, plus largement, de notre camp social.
A/
La jeunesse étudiante aujourd’hui : entre perte de repères et
politisation
La mobilisation contre la
« loi travail » a été la plus importante dans la jeunesse et le
monde du travail depuis la lutte contre la réforme des retraites en
2010. Celle-ci a été initiée dans la jeunesse au travers d’une
pétition née sur les réseaux sociaux et par l’inter-organisations
de jeunesse dont l’UNEF a été partie prenante.
Le
mouvement contre la loi travail : révélateur de la situation de
notre milieu
L’explosion sociale du
printemps dernier est révélatrice du ras-le-bol de la jeunesse
après des années de politiques antisociales et réactionnaires
menées par le gouvernement Hollande. Dans de nombreuses universités,
les étudiant‧ e‧ s ont retrouvé le chemin des assemblées
générales, une nouvelle génération militante a fait ses premières
armes dans des manifestations de masse, des comités de mobilisation
ou des coordinations étudiantes. Cependant, comme tout mouvement
social, celui contre la loi travail a aussi été le produit de la
période précédente.
Les générations
étudiantes qui sont aujourd’hui sur les bancs de la fac n’ont
pas connu la période de la fin des années 2000, marquée par des
mobilisations nationales presque chaque année, de la lutte contre le
CPE à celle contre la réforme des retraites. Malgré des luttes
locales, parfois majoritaires et victorieuses partiellement, qui ont
eu lieu sur nos campus contre les conséquences de la casse de
l’université publique (Angers, Montpellier, La Réunion, Clermont,
Toulouse…), aucune n’a pu jouer un rôle d'entraînement, capable
de sortir de l’isolement. Dans cette situation, les réflexes
militants, la conscience que l’on a des intérêts en commun à
défendre et l’action collective face aux problèmes du quotidien
ont largement reculé.
La politique menée par
les directions syndicales ces cinq dernières années, dont celle de
l’UNEF, n’a pas permis de préparer les étudiant‧ e‧ s (et
au-delà, l’ensemble de notre camp social) à l’idée qu’il
faudrait un affrontement conscient et déterminé pour faire plier le
gouvernement. En proposant aux étudiant‧ e‧ s de s’en remettre
uniquement au syndicat pour résoudre les problèmes qu’ils et
elles rencontrent plutôt que d’agir par eux et elles-mêmes, la
direction de l’UNEF n’a pas œuvré à reconstruire la conscience
que nous avons des intérêts en commun, ni l’idée qu’il faut
agir collectivement pour les défendre. En participant au dialogue
social et en négociant chacun des reculs, la direction de l’UNEF a
semé l’illusion qu’il serait possible d’obtenir de meilleures
conditions de vie et d’étude de ce gouvernement. En présentant
chacune des miettes obtenues comme des victoires et en omettant de
les replacer dans le contexte d’attaques globales, l’UNEF n’a
pas armé les jeunes pour riposter.
Cette politique
d’accompagnement est l’une des raisons qui permet de comprendre
les difficultés qui nous avons rencontré à faire en sorte qu’une
majorité d’étudiant ait la conscience qu’il ne suffirait pas
d’une ou deux manifestations, mêmes massives, pour faire reculer
le gouvernement. Pour que la mobilisation contre la loi travail passe
un cap quantitatif et qualitatif, il aurait fallu une prise en charge
bien plus large de celle-ci sur les campus par la majorité des
étudiant‧ e‧ s. Si le rejet de la loi était presqu’unanime,
trop peu d’étudiant‧ e‧ s ont participé directement aux
assemblées générales, et encore moins aux comités de mobilisation
et, sauf dans quelques universités à la pointe du mouvement, la
grève active ne s’est pas installée.
Cependant, une frange de
la population et tout particulièrement dans la jeunesse aspirait dès
le départ à se battre contre la loi travail « et son monde ».
Dans le mouvement Nuit Debout ou dans les actions de convergence et
de blocages d'entreprises, une partie de la jeunesse a exprimé son
désir de changer le monde de manière radicale. Cette politisation
des jeunes avait déjà pu s’exprimer les années précédentes,
autour des mobilisations contre l’aéroport NotreDame-des-Landes,
contre violences policières ou en solidarité avec les réfugié‧
e‧ s.
Nous devons trouver un
langage et des modes d'action communs pour nous adresser à cette
jeunesse, souvent étudiante, et la gagner à l'organisation
collective et syndicale, au lieu de la rejeter en confirmant ainsi
les suspicions et les préjugés contre les organisations. Les
mobilisations récentes contre le viol du jeune Théo et contre les
violences policières, sont une autre occasion de mettre l'UNEF au
premier rang de celles et ceux qui se battent sans concessions contre
les injustices et pour une autre société.
Loi
travail : l’UNEF, loin d’être à la hauteur
Si l’UNEF a été
partie prenante de la mobilisation contre la loi travail, la
politique défendue par la direction du syndicat n’a pas œuvré à
sa massification. Bien qu’à l’origine, avec d’autres, de
nombreuses assemblées générales, le syndicat a cherché du début
à la fin à contrôler la mobilisation. Elle a combattu, d’abord,
dans les assemblées générales, la tenue d’une coordination
nationale. Elle a cherché, ensuite, à limiter le plus possible les
capacités d’expression autonome du mouvement (porte-parole,
cortèges inter-facs). Enfin, elle a déserté les CNE dès lors
qu’elle y a été mise en minorité. La direction du syndicat a
fait le choix de combattre jusqu’aux expressions les plus simples
de l’auto-organisation en se confrontant physiquement aux cortèges
inter-facs lors des manifestations.
Alors que les assemblées
générales étudiantes votaient à la quasi-unanimité le retrait du
projet de loi travail sans amendement ni négociation, que les
étudiant‧ e‧ s mobilisé‧ e‧ s se
dotaient de leurs propres
représentant‧ e‧ s, le président du syndicat a répondu à
l’appel du pied du gouvernement pour se concerter sur des mesures
sociales à la marge. Sa volonté était évidente : étouffer la
mobilisation dans certains secteurs pour l’affaiblir dans son
ensemble. En affirmant « être satisfait » des mesures prises par
François Hollande, William Martinet s’est fait le relais de cette
politique. Le ton a alors changé : l’UNEF s’est contentée de
soutenir la mobilisation sans plus chercher à l’élargir.
Dès lors, l’UNEF a
fait le choix de rompre définitivement avec la majorité des
étudiant‧ e‧ s mobilisé‧ e‧ s et s’est placée en
porte-à-faux vis-à-vis de l’ensemble de ceux et celle qui
soutenaient ce combat, soit plus de 70% de la population. Cette
rupture avec notre milieu, ressentie comme une trahison pour beaucoup
de la part d’un syndicat qui se prétend être le porte-parole des
étudiant‧ e‧ s n’a fait qu’accentuer plus encore le fait que
l’UNEF n'apparaisse plus comme un outil utile pour la défense de
leurs droits. La défaite historique aux élections dans les CROUS au
semestre dernier n’en est que le dernier indicateur.
B/
Notre stratégie syndicale : des « gommes et des crayons » à la
grève générale :
Ces dernières années,
l’activité du syndicat a principalement été rythmée par les
échéances électorales, internes et externes. Qu’il s’agisse
des conseils des CROUS ou des conseils centraux des universités, ces
instances ne sauraient constituer des lieux de construction d’un
rapport de force contre le gouvernement. Si elles peuvent être un
levier d’action à situer dans le cadre d’une stratégie globale,
elles ne permettent que des aménagements provisoires et marginaux.
Par exemple, même le rejet du budget d’une université par son CA
ne remet pas en cause l’austérité, puisque la mise sous tutelle
reste toujours une option pour les rectorats. Nous devons construire
le rapport de force là où il se situe, c’est-à-dire la rue, la
mobilisation active et la grève. Pour cela, nous devons reconstruire
la conscience des étudiant‧ e‧ s, en multipliant les expériences
d’action collective et d’auto-organisation.
1.
Des campagnes syndicales quotidiennes pour reconstruire la confiance
dans l’action collective par la confrontation et
l’auto-organisation.
Dès qu’un problème
surgit que cela soit à l’échelle d’un TD, d’une filière ou
de toute une université, nous cherchons à regrouper les étudiant‧
e‧ s qui veulent agir en leur proposant des cadres d’organisation
où ils discutent et décident par eux et elles-mêmes, où ils et
elles proposent leur propre matériel : tract, affiche, pétition…
Ainsi nous pouvons inclure plus largement que les seuls étudiant‧
e‧ s syndiqué‧ e‧ s et regrouper, peu importe leurs
sensibilités syndicales ou politiques, tou‧ te‧ s ceux et celles
qui veulent agir.
Nous ne disparaissons
pas, nous devons y défendre la nécessité de construire un réel
rapport de force en faisant des rassemblements, des manifestations,
en étendant la mobilisation aux autres étudiant‧ e‧ s. S’il y
a des rendez-vous de négociations nous proposons aux étudiant‧ e‧
s mobilisé‧ e‧ s d’y participer avec nous pour leur montrer le
vrai visage de l’administration et leur donner des réflexes de
confrontation vis à vis des directions d’UFR ou des présidences.
C’est en faisant cela que nous pourrons convaincre largement de la
nécessité de s’organiser sur la durée et de manière collective
dans un syndicat.
En faisant en sorte de
recréer des générations militantes avec des réflexes collectifs,
nous renforcerons la capacité du milieu étudiant à réagir et
renforcerons par là-même le syndicat. C’est par l’action
collective que les étudiants peuvent faire l’expérience de leur
propre force et retrouver la conscience qu’ils et elles ont des
intérêts matériels et moraux à défendre ensemble.
2.
Un syndicat qui prend des initiatives pour construire le rapport de
force :
Lors du mandat de
Hollande, la direction de l’UNEF a trop souvent été à la traîne
du gouvernement et n’a pas su prendre d’initiatives face aux
attaques. Pire encore, quand cellesci existaient dans certains
milieux, elle les a même parfois combattu. Pourtant, c’est du vide
laissé par l’inaction de la direction que certaines organisations
ont pu profiter pour agir et se renforcer. On peut ainsi penser à la
FAGE dans les IFSI ou à certains collectifs dans quelques
universités ou écoles. Pour nous, il faut que l’UNEF reprenne son
rôle central dans l’organisation de la contestation face à la
casse de l’enseignement supérieur et de notre avenir.
● Des initiatives de
mobilisations, c’est à dire ? La perte de réflexe et le problème
de boussole que connaît la direction de l’UNEF depuis des années
fait que pour elle, tout peut être appelé mobilisation étudiante :
un communiqué de presse, un coup de fil, une page Facebook…
Pourtant, il faut se le dire, tout cela n’est pas une réelle
mobilisation et tous les moyens d’action ne se valent pas. Une
initiative qui vise à montrer notre rapport de force, à le
construire, à mettre la pression doit nécessairement se traduire
par la mise en action d’étudiant‧ e‧ s au-delà des rangs du
syndicat.
Ces prises d'initiatives
se font à plusieurs échelles, au niveau d’un UFR, de l'université
mais aussi de toute la France. Il existe une frange de la jeunesse
qui veut agir et en découdre contre une société qu’elle juge, à
juste titre, antisociale, raciste, sexiste, antidémocratique…
Cette frange cherche des initiatives et est présente sur nos
universités. Elle a une conscience plus avancée que le reste des
étudiant‧ e‧ s sur la nécessité d’en découdre contre les
attaques. Nous devons en prendre acte et chercher à faire agir les
couches les plus déterminées, car c’est également un bon moyen
d’entrainer celles qui n’ont pas encore fait l’expérience de
la mobilisation.
Les raisons d’être en
colère sont nombreuses, nous devons chercher à faire en sorte que
contre toutes les attaques des initiatives se dressent comme des
remparts. Ces initiatives doivent être des outils pour faire
connaître tel ou tel attaque et proposer des actions concrètes.
C’est aussi le meilleur moyen de tisser des liens avec d’autres
secteurs que les étudiant‧ e‧ s.
3.
Faire converger les bagarres: « toutes et tous ensemble » et grève
générale
La crise systémique du
capitalisme, déclenchée depuis 2008, pousse les classes dominantes
à remettre en cause l’ensemble de nos acquis sociaux. L’austérité,
la restructuration des services publics, la privatisation, la casse
du code du travail… L’objectif est clair : faire payer la facture
de la crise aux jeunes et aux travailleur‧ se‧ s. Nous devons
appréhender cela pour mieux comprendre la dégradation de nos
conditions de vie et d’étude.
Les mobilisations de ces
dernières années ont également montré qu’il existe une
disponibilité
de notre camp social pour
se confronter à ces politiques socialement désastreuses, même si
le rapport de force n’a pas encore été assez élevé pour les
faire reculer clairement. Au regard de l’ampleur de la
contre-offensive des classes dominantes, nous défendons la grève
générale comme moyen de stopper durablement ces attaques, reprendre
confiance en nos propres forces et dessiner un avenir meilleur pour
l’ensemble des jeunes et des travailleur‧ se‧ s.
● La grève générale
se construit au quotidien Nous devons battre en brèche le
corporatisme et y opposer la solidarité. Lors des mobilisations et
dans notre discours, nous défendons la nécessité de tisser des
liens avec les autres étudiant‧ e‧ s et avec les salarié‧ e‧
s. Cela passe par prendre l'habitude de se coordonner à l’échelle
locale, régionale et nationale entre étudiant‧ e‧ s et
travailleur‧ se‧ s. Dans nos mobilisations, nous en appelons à
la solidarité des autres campus, des personnel‧ e‧ s des
universités et des autres secteurs du monde du travail. Lors des
mobilisations des salarié.e.s, dans la défense des services publics
ou de leurs emplois, nous cherchons à tisser des liens avec eux et
elles, en participant à leurs actions mais aussi en les soutenants
financièrement.
Avec les regroupements
universitaires et les fusions, nous sommes poussés de facto à agir
de la sorte en regroupant dans de le cadre d’intersyndicales ou de
réunions communes les étudiant‧ e‧ s et les salarié‧ e‧ s
pour discuter ensemble. Bien entendu, ce ne sont pas aux étudiant‧
e‧ s de voter la grève des salarié‧ e‧ s et vice-versa. Pour
autant, ces liens doivent être entretenus et être construits avec
l’idée que c’est bien toutes et tous ensemble qu’il faut
lutter car c’est seulement toutes et tous ensemble qu’on pourra
gagner. L’unité ne doit pas être un objectif en soi mais bien un
outil de mobilisation. Ainsi, si des membres de l’intersyndicale
refusent une initiative qui nous semble juste et sur laquelle nous
savons que le milieu étudiant peut être réactif, nous devons la
proposer avec ceux et celles qui souhaitent en être. En effet, la
jeunesse a des rythmes de politisation et de mobilisation différents
du reste de la société et est souvent plus disponible à la lutte
que les salarié‧ e‧ s.
● La grève générale:
notre orientation dans les mouvements Lors de la mobilisation contre
la loi travail, nous avons pu toucher du doigt ce que serait un
toutes et tous ensemble : des milliers de jeunes dans la rue et en
grève, des raffineries bloquées, des secteurs du public comme du
privé en grève qui participent à des manifestations et des actions
communes. Avec cet exemple, nous pouvons expliquer concrètement aux
étudiant‧ e‧ s ce que cela veut dire riposter ensemble. Nous
tirons aussi le bilan que la réaction des directions des syndicats
de salarié‧ e‧ s a été trop tardive (avril-mai) alors que
certaines de leurs sections étaient déjà en lutte et en grève aux
côtés des étudiant‧ e‧ s dès le mois de mars. Il aurait fallu
utiliser l’espace que nous occupons en tant que première
organisation syndicale étudiante pour expliquer la nécessité de la
convergence et de la grève générale que des étudiant‧ e‧ s et
des salarié‧ e‧ s souhaitaient construire sincèrement.
Lorsque des mouvements
éclatent, nous défendons la mise en place de coordinations
régionales et nationales pour que les étudiant‧ e‧ s soient les
maîtres de leur mobilisation et puissent élire des délégué‧ e‧
s qui se réunissent et discutent des rythmes adéquats. C’est en
faisant cela, que nous permettrons à tou‧ te‧ s les étudiant‧
e‧ s, organisé‧ e‧ s ou non, de prendre pleinement leur place,
de faire leurs propres expériences, de se rendre compte des tâches
à accomplir et faire leurs propres erreurs.
En parallèle, nous
défendons également les assemblées générales
interprofessionnelles avec des jeunes et des travailleur‧ e‧ s
issu‧ e‧ s de différents secteurs. C’est comme cela que l’on
peut se rendre compte des forces et des faiblesses d’une
mobilisation, décider d’actions communes et organiser la
solidarité intersectorielle. Nous préparons cela au quotidien en
tissant des liens avec les sections syndicales qui sont prêtes à
agir. Une recomposition s'opère dans le champ syndical du monde du
travail avec des regroupements de plusieurs structures comme la CGT
Goodyear, Solidaires 92, la CGT EDF Paris, les collectifs d’hôpitaux,
d’enseignant‧ e‧ s... L’UNEF doit être partie prenante de la
reconstruction d’un mouvement syndical opposé à toutes les
attaques, sans aucune attache vis à vis des gouvernements et qui
défend la perspective d’un toutes et tous ensemble.
● Défendre notre
projet et l’avenir de notre génération Nous défendons la grève
générale non pas par folklore mais bien parce que nous savons que
notre projet pour l’enseignement supérieur et l’ensemble de la
société est contradictoire avec celui de la classe dominante. Il
est donc nécessaire de l’imposer et de l’arracher par nos
propres forces. Les expériences des différents gouvernements ont
bien montré que les classes dominantes étaient prêtes à tout pour
imposer leurs plans. La seule chose qu’elles craignent c’est de
voir des jeunes et des travailleur‧ se‧ s, organiser ensemble
dans la lutte et qui font grève pour un objectif commun. Sans cela,
les discussions sur le pré-salaire d’autonomie ou un droit à
l’avenir ne sont que vœux pieux car ces mesures sont opposées aux
logiques du profit qui guide le patronat.
L’UNEF doit avoir
conscience de la lourde tâche qui est devant elle dans les années à
venir : faire face aux multiples appétits des capitalistes et des
gouvernements à leur service. Construire un avenir commun pour notre
génération et une société qui répond réellement aux besoins
sociaux, face à la précarité à vie qui nous est promise, ne
pourra se faire en faisant l’économie d’une riposte d’ensemble
des jeunes et des travailleur‧ se‧ s, car ce sont ces dernier‧
e‧ s qui sont le moteur du progrès.
III/
Un syndicat pour l’unité de notre camp social face à la réaction
La crise économique et
sociale comme horizon indépassable pour notre génération est
également le terreau fertile pour la réaction. Les classes
dirigeantes s’appuient largement sur le racisme, le sexisme et
l’homophobie pour diviser notre camp social et limiter ses
capacités de résistance aux politiques antisociales. Les discours
et politiques nauséabonds ont des répercussions dans le milieu
étudiant. Il est de la responsabilité de l’UNEF de réaffirmer
son objectif de transformer la société, de combattre l’ensemble
des oppressions et de construire un outil syndical, plus ouvert et
démocratique, qui se donne les moyens pour sa politique.
A/
Un syndicat de transformation sociale qui lutte contre les
oppressions spécifiques
Alors que le corporatisme
et la division progressent sur nos campus, l’UNEF doit réaffirmer
qu’en tant que jeunes travailleurs et travailleuses intellectuel‧
le‧ s en formation, les intérêts des étudiant‧ e‧ s sont,
d’une part, intimement liés à ceux des travailleurs et des
travailleuses, et d’autre part, que nous avons des intérêts
matériels et moraux en commun à défendre, quels que soient notre
origine sociale, notre couleur de peau, notre genre ou notre
sexualité.
1.
Transformer la société aux côtés de travailleurs et des
travailleuses
Si les étudiant‧ e‧
s n’ont pas encore une place définie dans les rapports de
production, l’immense majorité se destine à vendre sa force de
travail sur le marché de l’emploi. Une majorité d’étudiant‧
e‧ s est déjà contrainte de faire des petits boulots pour
financer ses études. Défendre une université publique ouverte à
toutes et tous et un pré-salaire d’autonomie dépasse largement le
cadre clos de l’enseignement supérieur. Ce projet n’est possible
qu’en construisant une société qui fasse passer les besoins
sociaux avant les profits. C’est en s’alliant avec le monde du
travail qu’il sera possible de prendre sur les profits pour
répartir les richesses, car ce sont les salarié‧ e‧ s, et leurs
luttes, qui sont le moteur de la transformation sociale.
2.
Combattre le racisme jusqu’au sommet de l’Etat
Après les attentats
tragiques qui ont frappé la France et alors que des dizaines de
milliers de migrant‧ e‧ s fuient la guerre et la misère
provoquées par les puissances impérialistes en Afrique et au
Moyen-Orient pour chercher refuge en Europe, les discours
islamophobes et anti-immigré‧ e‧ s se sont libérés davantage.
Si l’extrême-droite en fait son cheval de bataille, ses thèses
sont largement reprises par les responsables politiques à droite
comme à gauche. Le gouvernement Hollande détient par exemple le
triste record des reconduites à la frontière, ayant expulsé plus
que le gouvernement Sarkozy. Le racisme d’Etat, la rhétorique du
choc des civilisations et l’islamophobie décomplexée sont relayés
dans les grands médias, et les agressions anti-musulman‧ e‧ s se
multiplient.
L’UNEF doit combattre
pied à pied les arguments réactionnaires et le racisme d’Etat, en
menant des campagnes sur les campus et en participant aux
mobilisations contre le racisme et l’islamophobie, aux côtés des
nombreuses associations et collectifs qui les combattent au
quotidien. D’autant que le racisme est loin d’être absent des
universités. Face à l’interdiction du voile à l’université
qui est une question qui revient régulièrement dans l’actualité,
l’UNEF doit opposer la liberté de conscience. Les étudiant‧ e‧
s étrangèr‧ e‧ s subissent également des discriminations très
fortes: sélection croissante à l’entrée des universités par
Campus France, obligation de justifier une certaine somme d’argent
pour bénéficier d’une inscription, refus injustifiés
d’équivalence de diplômes étrangers.
L’UNEF doit réaffirmer
le mot d’ordre « 1 carte d’étudiant‧ e = 1 titre de séjour
», alors que le gouvernement Hollande a poursuivi les politiques
racistes de Sarkozy en réformant le CESEDA, en faisant passer par
exemple le délai d’appel à une OQTF d’un mois à une semaine.
Nous exigeons la régularisation de tou‧ te‧ s les sans-papiers
et l’octroi de titres de séjour pour tou‧ te‧ s les étudiant‧
e‧ s étrangèr‧ e‧ s, non pas en menant des campagnes au cas
par cas, mais en nous appuyant sur l’action collective des premièr‧
e‧ s concerné‧ e‧ s et la construction d’un rapport de force
face aux présidences d’université et aux préfectures.
3.
Combattre l’état d’urgence et la répression
Après les attentats de
novembre 2015, le gouvernement Hollande a fait le choix de mettre en
place l’état d’urgence permanent. Cela s’est traduit par le
renforcement de la pression policière dans les quartiers populaires.
Alors que la police bénéficie déjà d’une impunité presque
totale depuis des décennies et que l’état d’urgence renforce
considérablement le pouvoir des préfets (perquisitions arbitraires,
assignations à résidence…), le gouvernement a fait voter un
assouplissement des conditions de “légitime défense” pour les
forces de l’ordre, qui s’apparente à un renforcement du droit de
tuer.
La mort récente d’Adama
Traoré, asphyxié par des policiers, ou le viol de Théo à
Aulnaysous-Bois, sont loin d’être des “bavures” isolées,
elles sont une nouvelle manifestation du racisme d’Etat. Face aux
violences populaires, de nombreux jeunes sont révolté‧ e‧ s
aujourd’hui. L’UNEF doit participer aux initiatives de lutte et
de solidarité aux côtés des collectifs contre les violences
policières, exiger que justice soit rendue pour l’ensemble de ces
violences, et proposer des revendications offensives, comme la
dissolution de la BAC.
L’autre conséquence de
l’état d’urgence est le renforcement des mesures liberticides,
qui ont été mobilisées à plusieurs reprises pour faire taire les
mouvements sociaux, telles que les interdictions de manifestation
pendant la Cop 21 ou pendant le mouvement contre la loi travail. Cela
intervient dans un contexte où des militant‧ e‧ s syndicaux et
syndicales sont traîné‧ e‧ s devant les tribunaux et condamné‧
e‧ s, parfois à de la prison ferme, pour avoir défendu leurs
emplois, et où des réunions publiques sont interdites par des
directions d’université. Face à la répression des mouvements
sociaux, l’UNEF doit réaffirmer les libertés démocratiques, le
droit de manifester et de se réunir, et se battre pour la levée de
l’état d’urgence.
4.
Face à l’ordre moral, un syndicat féministe
La crise économique a
des conséquences violentes pour les femmes. Elles sont en effet
davantage touchées par le travail à temps partiel, les
licenciements et les contrats précaires. Elles sont également
contraintes de compenser la casse du service public en effectuant de
manière gratuite les tâches de garde d'enfants, de ménage, ce qui
leur impose une double journée de travail. Dans les universités,
les inégalités entre femmes et hommes se manifestent par une
représentation inégale selon les filières. Les femmes sont
majoritaires dans les UFR de Lettres et de Sciences humaines, qui
sont les plus touchées par les coupes budgétaires. Elles doivent
parfois composer entre vies de famille, professionnelle et étudiante,
au détriment de leur poursuite d'étude.
Les violences sexistes
sont aussi quotidiennes à l'université : harcèlement sexuel de la
part d’enseignants, discriminations dans les évaluations,
campagnes sexistes des corporations étudiantes... L'UNEF doit donner
toute sa place à un combat féministe toujours d'actualité, en
appelant à des dates déjà existantes comme le 8 mars, journée
internationale des droits des femmes, mais aussi en organisant des
événements dans les facs (réunions d'information, conférences,
rassemblements). Nous nous battons pour l'accès gratuit à la
contraception dans les centres médicaux universitaires, l'ouverture
de crèches, de centres d'accueil pour les victimes de violences, et
contre les fermetures des centres IVG.
5.
Face à la LGBTIphobie, exigeons l’égalité réelle
L'ouverture du mariage
aux couples homosexuels en 2013 a constitué une avancée. Cependant,
la lutte pour l'égalité des droits a entraîné une montée de la
violence homophobe en retour, avec une augmentation des actes
homophobes. Le gouvernement porte une lourde responsabilité dans ce
phénomène avec le recul sur la PMA, le crédit accordé aux
homophobes de la « Manif pour tous », les déclarations sur la «
liberté de conscience » des maires, etc. Hollande a clairement cédé
face à la pression des réactionnaires, favorisant la diffusion de
l’homophobie.
Les droits des personnes
transgenres et transsexuelles ont été totalement délaissés.
Lutter contre l'homophobie et la transphobie, qu'elle soit manifeste
ou sous-jacente, est plus que jamais une nécessité pour le
syndicat, alors que la LGBTIphobie est une des premières causes de
suicide chez les jeunes. L'UNEF doit soutenir et relayer les
revendications des LGBTI, en organisant la sensibilisation sur les
facs, mais aussi en participant à des manifestations comme la Marche
des Fiertés, et à des événements comme la Journée contre la
transphobie, le 17 mai.
6.
Un syndicat internationaliste qui s’oppose aux guerres
impérialistes
L’UNEF doit assumer
d’être un syndicat internationaliste et faire le lien entre son
combat et celui des étudiant‧ e‧ s et des travailleurs et
travailleuses partout dans le monde. Avec la crise économique, les
principales puissances rivalisent sur la scène internationale pour
s’assurer des débouchés pour leurs économies et pour l’accès
aux matières premières. Les conflits armées se sont multipliés
ces dernières années en Afrique et au Moyen-Orient, et la France y
est partie prenante.
Ces guerres provoquent
partout leur lot de destructions et de désastres humanitaires et
environnementaux. L’émergence de l’Etat “islamique” en Irak
et en Syrie est la conséquence directe, d’une part, de
l’intervention américaine en 2003, qui a profondément ruiné le
pays et entretenu les divisions au sein de la population; et, d’autre
part, du massacre des aspirations démocratiques et sociales de la
population syrienne lors du “printemps arabe” par le gouvernement
Assad, qui est aujourd’hui responsable de plus de 220 000 morts et
de millions de déplacé‧ e‧ s.
Face aux ingérences
occidentales meurtrières et aux régimes corrompus, l’UNEF doit
réaffirmer le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et
combattre toutes les interventions impérialistes car puisqu’elles
sont à l’origine des déséquilibres, ne peuvent en aucun cas
faire partie de la solution. Les étudiant‧ e‧ s dans les pays en
guerre sont souvent à la pointe des combats politiques. L'UNEF doit
participer à la construction d’un mouvement contre les guerres
impérialistes aux côtés des organisations existantes afin de
fédérer l'ensemble de la jeunesse autour de ce combat.
Être internationaliste,
c’est être convaincu que les luttes démocratiques, féministes et
écologistes ne peuvent être menées que par les peuples eux-mêmes
et refuser toute intervention armée. Nous pensons que le
gouvernement ferait mieux d’investir dans les universités et les
lycées qui courent vers la ruine, plutôt que de dépenser des
millions pour protéger les intérêts économiques d’une minorité.
B/
Un syndicat indépendant, unitaire et démocratique
Le sentiment de rejet des
organisations traditionnelles et notamment des syndicats est de plus
en plus présent dans la jeunesse comme dans le reste de la société.
Alors que l’enseignement supérieur compte moins de 1% d’étudiant‧
e‧ s syndiqué‧ e‧ s, l’UNEF doit repenser ses liens avec le
milieu étudiant. Dans ce chantier, les questions de structuration et
de fonctionnement ne doivent pas être considérées comme
secondaires. Si avoir une politique adaptée à la situation est
fondamental, avoir un outil efficace qui permet de se donner les
moyens de sa politique est une nécessité.
1.
Un syndicat unitaire et démocratique qui œuvre à la réunification
syndicale
Regrouper les différents
courants politiques et syndicaux qui existent sur nos campus est un
enjeu majeur du renforcement du syndicalisme étudiant et de la
reconstruction des capacités de résistance de notre milieu. Malgré
la désagrégation de Solidaires étudiant‧ e‧ s et l’émergence
de collectifs ou syndicats locaux, comme l’Union des étudiant‧
e‧ s de Toulouse, notre objectif reste la réunification syndicale.
Cela passera par une démarche unitaire et démocratique.
Nous devons œuvrer, dès
que la situation se présente et sans sectarisme, à construire des
cadres unitaires sur les campus et au niveau national, y compris avec
les organisations politiques de jeunesse, pour lutter contre toutes
les mesures qui remettent en cause nos conditions de vie et d’étude.
Pour être plus efficaces dans l’action, nous cherchons à
favoriser les cadres où les étudiant‧ e‧ s peuvent décider par
eux et elles-mêmes de leur lutte, comme les assemblées générales.
Si en tant qu’organisation, nous y défendons une orientation, nous
respectons les décisions qui y sont prises, car c’est la condition
pour que les étudiant‧ e‧ s fassent l’expérience de la
démocratie.
Le pendant de cette
orientation démocratique dans tous les cadres dans lesquels nous
intervenons est une profonde rupture démocratique en interne, qui
est l’une des clefs pour faire face à la crise militante. Si le
droit de tendance est aujourd’hui une garantie élémentaire de
démocratie, il ne suffit pas à régler l’ensemble des problèmes.
Tout‧ e militant‧ e de l’UNEF doit pouvoir s’exprimer et
peser sur l’orientation du syndicat. Les tendances minoritaires du
syndicat doivent avoir accès au fichier national des adhérent‧ e‧
s, pour être en capacité de s’adresser à toutes et tous. De
même, toutes les tendances doivent pouvoir soumettre au vote leur
texte d’orientation dans les collectifs nationaux.
Localement, c’est à
tou‧ te‧ s les militant‧ e‧ s de mener l’activité du
syndicat, et pas seulement à ceux appartenant à la tendance
majoritaire sur une AGE. Pour cela, l’accès au local et
l’organisation de collectifs d’AGE réguliers sont
indispensables. Ces derniers doivent pouvoir décider de l’activité
de la semaine, discuter des tracts et de leur contenu. Des AG des
adhérent‧ e‧ s devraient être mises en place une fois par
semestre minimum, permettant à l’ensemble des adhérents
localement de décider collectivement des campagnes du syndicat.
2.
La formation des militant‧ e‧ s: une priorité
Avec la crise militante
de l’UNEF et la multiplication des fronts sur lesquels nous devons
engager nos forces, nous avons eu tendance les années précédentes
à négliger les tâches de formation pratique et théorique de
l’ensemble des militant‧ e‧ s: de moins en moins de formations
locales, des bulletins de liaisons des AGEs et kits de formation
moins réguliers, la réduction des temps d’ateliers lors des
collectifs nationaux…
Cette situation se
traduit par un affaiblissement politique qui a des conséquences sur
notre activité au quotidien, que ce soit pour convaincre les
étudiant‧ e‧ s, prendre en charge leurs dossiers ou avoir les
bons réflexes pour construire les mobilisations. Si nous ne
réagissons pas collectivement, cela pourrait avoir des conséquences
dramatiques sur les étudiant‧ e‧ s les plus vulnérables: les
sans-facs, les étudiantes qui subissent le sexisme, les étudiant‧
e‧ s étrangèr‧ e‧ s qui jouent leur droit de rester en
France…
En outre, l’UNEF n’est
pas en dehors de la société et les oppressions patriarcales ou
racistes ne s’arrêtent pas à sa porte. Si des progrès ont été
réalisés dans la prise en compte de ces oppressions, nous ne
pouvons pas nous satisfaire de la situation. Il est nécessaire de
renforcer les formations sur ces questions. Il est également urgent
de mettre en place les structures adéquates pour gérer efficacement
les affaires de sexisme, d’homophobie ou de racisme.
La mise en place de
“personne de confiance” par la direction du syndicat est loin
d’être une réponse suffisante, car elle repose sur une gestion
individuelle des problèmes. Au contraire, les oppressions sont des
problèmes politiques collectifs, qui regardent l’ensemble de
l’organisation. L’UNEF doit se doter d’une commission de
médiation spécifique, paritaire à tous les niveaux (genres,
tendances, etc.), qui proposent des solutions et des sanctions,
ensuite votées par les instances de direction.
3.
Un syndicat indépendant de l’Etat
L’indépendance
syndicale ne signifie pas l’absence de réflexion ou d’engagement
politique. Elle implique simplement que les décisions d’orientation
soient prises démocratiquement dans les cadres de l’organisation
et uniquement dans ceux-ci. Notre indépendance syndicale, telle que
nous la concevons, doit être celle vis-à-vis des institutions, des
partis et des universités. Depuis de nombreuses années, la part des
financements auprès des régions, de l’Etat ou des universités
n’a fait qu’augmenter dans le budget du syndicat. Cette situation
pose un sérieux problème, parce que ces sont ces mêmes
institutions qui mènent aujourd’hui la casse du service public.
L’UNEF doit se donner
les moyens de retrouver un auto-financement pérenne, basé
exclusivement sur la cotisation des adhérent‧ e‧ s et sur des
souscriptions annuelles menées de façon militante. Si le FSDIE peut
être sollicité pour financer des campagnes spécifiques, l’activité
syndicale quotidienne ne peut pas en être dépendante. Pour cela, et
malgré la précarisation des étudiant‧ e‧ s, il est nécessaire
de convaincre les adhérent‧ e‧ s de verser réellement les 20
euros de cotisation.
De la même façon, nous
nous opposons à ce que le syndicat trouve des financements par le
biais de la collaboration avec des organismes à but lucratif, tels
que les préparations privées aux concours ou les entreprises
proposant des réductions. Notre financement doit pouvoir
s’affranchir des intérêts privés et sectoriels de façon à
défendre au mieux et en toute indépendance les intérêts matériels
et moraux des étudiant‧ e‧ s.
Voter pour la tendance
Action collective et luttes étudiantes, c’est voter pour :
● Une UNEF qui place au
cœur de sa stratégie syndicale l’action collective des étudiant‧
e‧ s, leur auto-organisation pour résoudre les problèmes du
quotidien
● Une UNEF qui combat
les réformes libérales de l’ESR et revendique : l’abrogation de
la loi Fioraso et de la loi Master, l’arrêt des regroupements, la
fin de l’autonomie budgétaire des universités et un financement
100% public des universités à hauteur des besoins.
● Une UNEF qui s’appuie
sur des revendications d’urgence pour les étudiant‧ e‧ s et
les jeunes, qui les porte lors des élections universitaires et aux
CROUS et dans les mobilisations, et les articule avec un projet
global pour l’enseignement supérieur et la société
● Une UNEF qui bataille
contre la dégradation des conditions de vie des étudiant‧ e‧ s
et qui réclame la mise en place d’un véritable pré-salaire
d’autonomie
● Une UNEF qui se batte
au côté du mouvement ouvrier, pour une mobilisation d'ensemble de
la jeunesse et du monde du travail contre les politiques antisociales
Pour télécharger le texte en PDF:
https://drive.google.com/file/d/10QcEdHpEoF8riaG3qmWDgpAJDZa2-twz/view
Pour télécharger le texte en PDF:
https://drive.google.com/file/d/10QcEdHpEoF8riaG3qmWDgpAJDZa2-twz/view
Commentaires
Enregistrer un commentaire