Suite aux départs au sein de l’UNEF (Juin 2019)

Depuis plusieurs semaines, l’Union Nationale des Étudiants de France (UNEF) subit une crise interne suite au départ de plusieurs tendances et sensibilités (la TUAS et le groupe des « Syndicalistes »). 

Tout d’abord, nous partageons un certain nombre des critiques mises en avant par les camarades ayant quitté l’organisation. Nous considérons que la direction du syndicat épuise trop de forces dans des élections étudiantes des instances ne constituent en rien des lieux de construction d’un rapport de force et ne permettant que des aménagements provisoires et marginaux. De l’autre côté, la direction a délaissé, voir trahie, en faisant passer des défaites pour des victoires, les mobilisations de ces dernières années. Nous devons construire le rapport de force là où il se situe, c’est-à-dire la rue, par la mobilisation active, les actions collectives, une politique de convergence avec les travailleurs et la grève comme moyen de défense des droits étudiants.

Pour autant, nous nous devons de rappeler que ces deux sensibilités, aujourd’hui critique, se sont fait le relai souvent de l’orientation de la direction du syndicat. La tendance «Syndicalistes» a été pendant très longtemps membre du chœur de la direction de la Majorité nationale (TMN). Elle n’a pas critiqué, à l’époque, les négociations lors de la loi Travail ou la signature par l’UNEF de la loi Master. Aujourd’hui, elle se fait une peau neuve en critiquant le bilan de la TMN alors qu’elle en porte une grande partie ! 
Quant à la FSE (ex-TUAS), celle-ci s’est toujours présentée comme la «gauche» du syndicat. Faisant de la lutte contre le «droit de tendance», droit démocratique auquel nous sommes attachés, son cheval de bataille. Cette sensibilité a défendu, au cours des dernières mobilisations étudiantes, la même orientation que la TMN. Au sein des CNE (coordination nationale étudiante), elle a mené la même orientation que la TMN, soutenant les faux-mandats qui venaient noyauter ces coordinations, s’opposant à l’auto-organisation des étudiants et aux tentatives de convergence entre étudiants et travailleurs.  

Le gouvernement actuel ne compte pas s’arrêter là. Partout il casse les services publics, il compte s’attaquer à nos retraites, à la fonction publique et ils répriment tous ceux qui relèvent la tête. De plus, Vidal prévoit une nouvelle réforme sur «l’autonomie des universités» réduisant ainsi le budget des universités. 

Si notre camp social n’a pas encore infligé une défaite à Macron, ce n’est pas par manque de combativité, mais par l’incapacité des directions syndicales à offrir une stratégie gagnante à notre camp. Celle-ci s’acharne à vouloir isoler, disperser les luttes, en esquivant toute forme de convergence. C’est cette stratégie de mobilisation qu’il nous faut radicalement changer. Sur cela, aucune de ses sensibilités ne fait de bilan conséquent. Aujourd’hui, nous pensons que le mouvement étudiant devrait être une force d’entraînement pour le reste de notre classe, en préparant d’ores et déjà une journée de grève à la rentrée, en proposant aux organisations politiques, syndicales et associatives de nous rejoindre, pour que ce soit une journée interprofessionnelle. 

De même, nous pensons qu’aujourd’hui, l’ensemble des militant-e-s syndicaux-ales étudiant-e-s, se doivent de mener activement la campagne des problèmes d’inscriptions et la mobilisation des sans-facs. Des milliers d’étudiant-e-s se voient refuser l’entrée dans la filière de leur choix. Dès le 25 juin (fin de la première phase de ParcourSup) nous devons être présent-e-s sur nos campus pour recenser les problèmes d’inscriptions, et mener, jusqu’au bout, une bataille sans relâche, auto-organisée, sans compromis et nationale pour obtenir l’inscription de tous et toutes. 

C’est donc l’orientation générale et cette perspective de mobilisation dont nous nous dotons afin d’arracher des victoires face au rouleur compresseur qui vise l’ESR et l’ensemble de nos acquis sociaux. C’est par la construction d’un véritable rapport de force, en convergeant toutes les luttes existantes, du monde du travail et de la jeunesse, dans la perspective d’une grève générale, que nous pourrons gagner.

Pour mener cette orientation, il est de notre devoir de nous doter d’un outil syndical efficace, démocratique, qui permette de se donner les moyens de sa politique, discuter et avancer ensemble quotidiennement, malgré des divergences d’orientation. C’est pourquoi nous sommes en désaccord avec la stratégie consistante en la création d’une nouvelle organisation, comme le font les camarades de l’ancienne TUAS via leur nouveau syndicat qu’est la FSE, dans un objectif d’auto-construction, ne regroupant que des militant-e-s de leurs sensibilités. Pour nous, le syndicat doit être un outil pour reconstruire des réflexes de lutte et d’auto-organisation à une échelle la plus massive possible pour servir les intérêts du mouvement étudiant.

Ainsi, il nous semble essentiel, de regrouper les différents courants politiques et syndicaux qui existent sur nos campus au sein d’une seule et même structure. Cette dispersion rend difficile la coordination entre différentes équipes militantes et profite aux organisations corporatistes et réactionnaires, affaiblissant ainsi le mouvement étudiant et ses possibilités de luttes victorieuses face aux nombreuses attaques des gouvernements, passés comme actuel. Nous devons réunifier le mouvement étudiant dans un seul et même syndicat, au lieu de l’éparpiller dans de nouveaux syndicats. 

La direction de l’UNEF porte la responsabilité entière de cette dispersion. D’abord, de par la politique qu’elle a menée, décevant ainsi de nombreuses-x militant-e-s, mais aussi de par son fonctionnement. Le droit de tendance est à développer. Tout-e militant-e de l’UNEF doit pouvoir s’exprimer et peser sur l’orientation du syndicat, et les tendances minoritaires du syndicat doivent pouvoir soumettre au vote leur texte d’orientation dans les collectifs nationaux et avoir accès au fichier national des adhérent-e-s, pour être en capacité de s’adresser à toutes et tous. Le poids et l’influence de ces tendances, notamment dans certaines villes, doit être sérieusement reconnu et respecter, sous peine de voir le syndicat s’affaiblir davantage.

Quant à nous, nous continuerons à mener une orientation qui permettent de construire un syndicalisme combatif. Nous défendrons :   
    ★ Un syndicat qui combat les réformes libérales de l’ESR et revendique : l’abrogation de la loi Fioraso et de la loi Master, l’abrogation de la Loi ORE et de l’arrêté Licence de 2018 l’arrêt des regroupements, la fin de l’autonomie budgétaire des universités et un financement 100% public des universités à hauteur des besoins.   
    ★ Un syndicat qui s’appuie sur des revendications d’urgence pour les étudiant.e.s et les jeunes, qui les porte lors des élections universitaires et aux CROUS et dans les mobilisations, et les articule avec un projet global pour l’enseignement supérieur et la société   
    ★ Un syndicat qui bataille contre la dégradation des conditions de vie des étudiant.e.s et qui réclame la mise en place d’un véritable pré-salaire d’autonomie  
    ★ Un syndicat qui se batte au côté du mouvement ouvrier, pour une mobilisation de l’ensemble de la jeunesse et du monde du travail contre les politiques antisociales, pour construire un nouveau mai 68 
    ★ Un syndicat réellement démocratique, réunifiant l’ensemble du syndicalisme étudiant au sein d’une même organisation, où l’ensemble des militant-e-s ont les mêmes droits au sein de l’organisation et où l’ensemble des positions syndicales ont un droit d’existence et d’expression publiquement et au sein de l’organisation, peu importe leur poids

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