Les motions présentées par la TACLE au Collectif National de l'UNEF, les 7 & 8 février

Motion 8 mars :
votée majoritairement par le collectif national

Cette année le 8 mars s'inscrit à nouveau dans un contexte particulier : les offensives réactionnaires de la manif pour tous contre la PMA et le droit à l'avortement voté récemment par le Sénat ; mais également dans un contexte de mouvement social sur la question des retraites et de l'éducation. Ces mobilisations doivent permettre non seulement de gagner sur les revendications des jeunes et des salariées. La date historique du 8 mars doit pouvoir porter les revendications claires tel que le droit des femmes à disposer librement de leur corps et de leur sexualité afin de faire avancer leurs droits sur de nombreux aspects dans notre société. Effectivement, un mouvement social fort et victorieux fait avancer les consciences sur cette question de société et met en lumière des revendications progressistes à ce sujet.

Cela est d'autant plus nécessaire que les réformes en cours, sur les retraites et la Loi Pluriannuelle de Programmation de la Recherche (LPPR), touchent prioritairement les femmes.

De fait, prendre en compte l'entièreté de la carrière pour le calcul des pensions nuit gravement aux femmes, dont les carrières sont bien souvent discontinues à cause des temps partiels et des congés maternités, les exposant encore davantage à la précarité en tirant les pensions vers le bas. Cela renforce la dépendance des femmes envers leurs maris (qui ont de meilleurs salaires et retraites). C’est pour cela que l’UNEF revendique un salaire égalitaire permettant ainsi de faciliter l'indépendance matérielle et financière des femmes.

Cette réforme accentue la précarité tout au long de la vie auxquelles les femmes sont davantage confrontées de part les différences de salaire, la maternité et l’ensemble des freins que la société patriarcale crée.

D’autre part, le rapport LPPR, en généralisant le recours aux appels à projet pour financer la recherche, la soumet davantage aux grandes entreprises. Elle menace donc la survie de filières jugées moins rentables, comme les sciences humaines et sociales, dans lesquelles les femmes sont majoritairement présentes.

C'est pourquoi nous appelons aux rassemblements, manifestations et actions qui auront lieu partout en France. L’UNEF soutiendra les initiatives du 8 mars dans la recherche via des outils afin de lutter contre les différents aspects de cette réforme.Non seulement sur les revendications féministes de tout temps, mais aussi spécifiquement sur les répercussions qu’elles auront.
Motion répression :
votée majoritairement par le collectif national

La répression et les violences policières qui s’abattent sur l’ensemble du mouvement social, que ce soit sur les travailleur·se·s, lycéen·ne·s, étudiant·e·s mobilisé·e·s ou encore sur les militant·e·s, n’est autre que le prolongement des méthodes de maintien de l’ordre dans les quartiers populaires qu’exerce l’État depuis des décennies. Le gouvernement n’hésite plus à utiliser tout son attirail répressif pour briser la grève et mater la jeunesse étudiante et lycéenne qui se bat contre la détérioration de ses conditions d’étude (réforme du bac, Parcoursup, arrêté licence, LPPR, E3C, etc…) et contre la réforme des retraites qui vise à nous précariser à vie.

Dans les universités, l’appel aux entreprises de sécurité privées se multiplie pour surveiller ou intimider les étudiant·e·s qui essaient de se mobiliser et dès qu’une mobilisation prend forme, l’appel aux forces de l’ordre est devenu presque systématique. La répression est bien en marche, à Nanterre, à Paris 1 ou encore à Lyon et Nice, des étudiant·e·s vont jusqu’à être poursuivi·e·s en justice par l’université. Face à la répression policière ou judiciaire sur nos campus, notre syndicat doit être en capacité de répondre en soutenant les étudiant·e·s poursuivi·e·s. Que ce soit sur l’acharnement judiciaire sur Victor et Roga dont le procès en appel est reporté au 13 octobre à Versailles ou encore sur le procès de 4 militants de l’UNEF le 29 juin poursuivis par l’université pour s’être battus pour l’inscription de toutes et tous dans le cadre de la campagne « sans fac », notre syndicat se doit de soutenir activement les étudiant.es réprimé·e·s. l’UNEF dénonce les président·e·s d’universités qui utilisent la matraque comme forme de dialogue et qui envoient en garde à vue celles et ceux qui luttent pour leurs conditions d’études. L’UNEF doit également soutenir matériellement les étudiant·e·s poursuivi·e·s en menant des campagnes pour collecter de l’argent afin de prendre en charge les frais de justice à travers des caisses de soutien lors de diverses échéances (tables, comités de mobilisation, Assemblées Générales, rassemblements, etc.).

Depuis janvier la police devient des surveillants du bac, n’hésitant pas comme au lycée Ampère-Saxe à Lyon à poursuivre dans les couloirs, matraque à la main, des lycéen·ne·s qui refuse de composer pour un bac qui renforce les inégalités d’accès à l’université. Les chefs d’établissements excluent, sanctionnent et frappent leurs élèves qui bloquent les E3C. Le syndicat doit répondre face à la violence policière en renforçant les liens de solidarité avec les organisations lycéennes et renforcer nos présences sur leurs blocages. L’UNEF soutien les rassemblements envers les lycée·ne·s menacé·e·s par la justice et l’administration de leur lycée et se mettre en lien avec toutes les autres forces du mouvement social pour faire reculer la machine répressive. La relaxe de n’importe quelles inculpé·e·s renforcera notre camp social face aux attaques du gouvernement.

Enfin, la répression accompagnant de manière quasi-systématique le mouvement social, il est important de rien lâcher sur la question.

Nous ne pouvons laisser l’État et la justice condamner ainsi des lycéen·ne·s et des militant·e·s étudiant·e·s et syndicalistes. Accepter leur condamnation constituerait en effet un recul et ouvrirait la porte à une répression décomplexée de l’ensemble du mouvement social. Plus que jamais, il est nécessaire de renforcer notre camp social et de faire front face à la répression et l’UNEF doit être à la hauteur de cet enjeu.
Motion stratégie :
sur laquelle le Collectif National de l’UNEF (des 8 et 9 février 2019) n’a majoritairement pas pris part au vote

Dans deux des secteurs principaux du mouvement contre la réforme des retraites, la RATP et la SNCF, la grève reconductible s’est essoufflée et se transforme plutôt en une grève perlée ou une grève sur les journées nationales importantes.

Des franges de la jeunesse ont participé à cette grève pendant le mois de décembre sur les piquets, dans les manifestations mais les facs n’étaient pas en grève. En revanche depuis la rentrée un tournant s’opère dans les universités avec la constitution d’assemblées générales et de comités de mobilisation pour étendre la grève dans les universités.

Les attaques locales (LMD4 a Nanterre, remise en question des dérogations à la sélection en Master à Grenoble et à Assas) et attaques nationales (LPPR et la réforme des retraites) provoquent u’ début de mobilisation étudiante. La coordination nationale des Facs et Labos en Lutte qui a réunit plus de 750 personnes le premier week-end de février ou encore les AG qui dépassent les 500 à Nanterre et P1 montrent une détermination et une colère des étudiant-e-s s et de l’enseignement supérieur qui commencent à s’organiser.

Cette colère n’est pas nouvelle. Elle se traduit depuis 2016 par une détermination accrue dans les.luttes, que ce soit dans la grève des cheminot-e-s en 2018, lors du mouvement des gilets jaunes, dans les secteurs du nettoyage, de l’hôtellerie, ou à la Poste, traversés par des grèves minoritaires mais nombreuses, ou chez les étudiant-e-s et lycéen-ne-s avec des grèves contre la loi ORE, la hausse des frais d’inscription ou le Bac Blanquer. Ces grèves sont toutefois dispersées et suivent des rythmes variables.

Dans de nombreux secteurs, la période ouverte par la mobilisation contre la réforme des retraites offre de réelles possibilités d’extension ou de reprise de la grève, majoritaire ou non. D’autres explosions de colère sont à prévoir. Elles sont déjà perceptibles dans  l’enseignement supérieur, dans les lycées, dans l’énergie ... Ce mouvement a percuté l’ensemble du monde du travail en suscitant l’espoir que la situation puisse changer. Y compris dans de petites boîtes, des travailleurs et travailleuses ont osé relever la tête et se mettre en grève. Ce mouvement remet au centre la question de la grève dans beaucoup de secteurs et chez la jeunesse.

Dans l’éducation, du primaire aux facs, la sélection se généralise et s’accroît. Outre la sélection à l’entrée de la fac, il faut tenir compte de l’évolution des Modalités de Contrôle des Connaissances et compétences (MCC) et de la remise en question des redoublements et des rattrapages. Après la hausse des frais d’inscription pour les étudiant-e-s étranger-e-s nous avons pu constater que le gouvernement avait une volonté de généraliser cette hausse. Toutes ces attaques vont créer une génération précaire et sélectionnée du bac à notre mort.

Le bilan de cette première phase de la grève contre la réforme des retraites, c’est que nous ne pouvons pas gagner une grève avec un ou deux secteurs, même en grève reconductible majoritaire. Cela signifie que nous, l’UNEF et le mouvement étudiant plus largement, devons nous poser la question de comment on peut gagner.

Ce n’est pas en se battant dans son coin et en attendant un meilleur président qu’on pourra gagner.
Dès aujourd’hui l’UNEF doit proposer une stratégie gagnante qui pose la question de comment créer un rapport de force favorable pour les étudiant-e-s. Elle doit remplir les tâches d’unifier les colères car les étudiant-e-s sont des futur-e-s travailleurs/travailleuses. Se battre contre la réforme des retraites c’est non seulement se battre pour nos futures conditions d’etudes mais aussi créer un rapport de force favorable à notre camp social qui assurera des victoires pour le mouvement étudiant. La mobilisation n’a pas pu gagner avec deux secteurs mais n’a pas gagné non plus avec le début des AG interpro. Il est nécessaire de quand même approfondir et poursuivre la construction des liens interpros car ils ont permis de maintenir une mobilisation pendant les vacances de Noel et maintenant dans le moment de reflux. Le gouvernement aujourd’hui n’a pas peur d’un secteur qui part en grève reconductible mais de la construction d’un rapport de force au sein des AG interpros et au sein d’une coordination nationale. Cela pourrait réellement commencer à faire peur au gouvernement car cela contesterait le pouvoir de décision dans les entreprises, dans l’éducation nationale, dans les universités et plus largement sur les choix politiques.

L’UNEF et ses militant-e-s doivent s’impliquer dans les assemblées générales interprofessionnelles comme dans les Hauts de seine, à Grenoble, à Rouen, à Lyon ou à Metz, pour tisser des liens avec les travailleurs et travailleuses. Ce lien n’est pas artificiel : les étudiant-e-s et travailleurs/ travailleuses peuvent œuvrer ensemble à des actions communes (comme les blocages économiques ou les débrayages qui ont eu lieu sur Nanterre) et discuter d’une stratégie qui unifie toutes les colères de notre camp social. Différentes AG Interpro, secteurs, et grévistes isolé-e-s se sont réuni-e-s depuis 3 semaines à Paris dans une coordination nationale des grévistes.  Cette coordination a pour but de lier des équipes qui veulent gagner et veulent dépasser les barrières entre secteurs et villes. Cette coordination, au moment où d’autres (UNSA RATP, des UL et UD CGT) reprennent ce mot d’ordre, doit appeler et véritablement construire la montée nationale du 17 février. Cette date pourrait donner confiance à de nombreux secteurs pour repartir dans la bataille et serait un vrai point d’appui dans cette phase de la grève. Nous devons utiliser cette date pour coaguler tous les secteurs et grévistes et être de plus en plus nombreux-euses. Le gouvernement aujourd’hui n’a pas peur d’un secteur qui part en grève reconductible, il faut donc construire un rapport de force. L’UNEF doit affrêter des cars et appeler ces militant-e-s à construire cette date localement et à convaincre des milliers d’étudiant-e-s à Paris pour la montée nationale.

Aujourd’hui la majorité des étudiant-e-s et lycéen-ne-s savent que leur avenir sera précaire. L’inégalité du Bac Blanquer, la probabilité de ne pas avoir une place à la fac, la difficulté de rentrer sur le marché du travail après ces études et maintenant une retraite qui nous fera travailler jusqu’à au moins 67 pour être sous le seuil de pauvreté, montrent que nous sommes de plus en plus une « Génération Sélectionné Jamais Retraitée ». L’UNEF doit mener des campagnes dans toutes ces villes sur la question de la sélection liée à la retraite. Cela passe par un travail de recensement des universités où il y a des attaques liées aux MCC ou la sélection en M1 afin que les universités se mettent en lien et en bagarre ensemble. L’UNEF doit sortir un matériel en propre sur cette « Génération Sélectionné Jamais Retraitée » avec des affiches, des autocollants et des vidéos qui expliquent ce qui se passe et comment gagner.

Commentaires

Articles les plus consultés